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Radicalisation ou extrémisme ?

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Radicalisation ou extrémisme

Radicalisation, radicalisation, on n’entend plus que ça pour désigner aussi bien ceux qui commettent des attentats terroristes que ceux qui ne font que désavouer le mode de vie et les mœurs occidentales. Le fait d’être radical n’a pourtant à priori rien de répréhensible puisque, étymologiquement, cet adjectif signifie « revenir aux racines, à l’essence de quelque chose ». Pour preuve, depuis plus d’un siècle et jusqu’à ce jour, des partis, des mouvements et des responsables politiques français célèbres se sont rangés et ont exercé sous cette dénomination sans pour autant sombrer dans le terrorisme. Pas la peine de les énumérer, les plus curieux iront se cultiver sur Wikipédia. Je me limiterai ici à faire remarquer qu’il n’y a radicalement rien de mal ou de répréhensible à être radical.

Ainsi, il sera impropre de qualifier de radicaux les exaltés qui exagèrent des préceptes religieux censés se pratiquer sans se prendre la tête.[1] L’extrémisme et le terrorisme « islamiques » ne doivent de ce fait être considérés que comme des excès et des altérations des enseignements originaux. Ils sont le propre de nombre d’ignorants qui mettent un point d’honneur à se bricoler leur propre religion en lisant entre les lignes, en interprétant les textes de façon hasardeuse et en singeant sans réfléchir les élucubrations de prétendus plus « savants » qu’eux. Plutôt que de se conformer simplement à ce qui est écrit, les agités du bocal affectionnent de se compliquer la vie à plaisir et de pourrir celle de leur entourage.

L’Islam est un tout, un ensemble homogène, indissociable, logique et cohérent. Pour corroborer leurs propos et leurs agissements, les extrémistes font quant à eux abstraction de tout raisonnement. En guise de sources et de cautions, ils usent de citations religieuses abruptes constituées d’extraits partiels, approximatifs, incomplets voire ésotériques dont ils ont tiré des déductions hâtives et des raccourcis tirés par les cheveux (pour les dames) ou par les poils de barbe (pour les messieurs). « Puisque tous les terroristes sont musulmans et que je suis musulman, je dois forcément être un terroriste », comme disent les identitaires et autres islamo-réfractaires. A partir de postulats tout aussi simplistes, la tactique des ultras consistera à sélectionner des enseignements équivoques et à les développer à leur manière, souvent hors contexte, en omettant volontairement de mentionner le moindre argument susceptible de contredire leurs démonstrations.

Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire en haut lieu, sans doute pour juguler les critiques d’impuissance du pouvoir à prévenir les attaques terroristes, l’extrémisme se développe progressivement et nullement instantanément. Et quant aux ingrédients qui font « prendre la mayonnaise », ce seront essentiellement les mauvaises fréquentations et l’émulation. Et parmi les éléments déclencheurs, que d’aucuns considèrent comme des circonstances atténuantes, il y a l’injustice et les inégalités sociales, le racisme et le nationalisme, les deux poids deux mesures et les persécutions policières, l’empêchement de pratiquer librement le culte et d’ériger des mosquées, les ingérences politiques ou militaires dans les pays « réputés musulmans » et les exactions qui y sont commises en prime. Plus discutables, voire intolérables, viendront ensuite le rejet de la mixité et de la « liberté sexuelle», l’antisémitisme larvé ou assumé et les vices des racailles « islamisées ».

Peut-on s’en sortir ? Théoriquement oui, à condition de le vouloir. Et comment ? D’abord en acceptant sincèrement la cohabitation et la communication avec autrui : Le fait de fréquenter et d’échanger de façon ouverte et tolérante avec ceux qui sont différents – sans pour autant adhérer à toutes leurs opinions – permet de les apprécier et d’avoir pour eux de l’empathie, ce qui dissuade de mal se comporter envers eux. Par ailleurs, il faut développer sa curiosité intellectuelle, son objectivité et son sens critique : La connaissance ouvre l’esprit à autre chose que ce à quoi on est habitué, développant la compréhension et la tolérance de ce qui nous est étranger. On s’aperçoit alors que des milliards de gens ne vivent pas de la même façon que soi et que certains usages de sa propre culture sont anormaux ailleurs. De quoi relativiser ses us et coutumes et accepter que d’autres agissent autrement, sciemment ou pas et à tort ou à raison. Évidemment, si en pratique on n’en a aucune envie, ce n’est pas gagné !

Daniel-Youssof Leclercq

[1] « DIEU veut pour vous la facilité, Il ne veut pas pour vous la difficulté. » (Coran 2 :185). « Ce n’est pas pour que tu sois malheureux que Nous avons fait descendre sur toi le Coran. » (Coran 20 :2). « La révélation vous a été faite pour vous faciliter les choses et non pour les rendre difficiles ».» (Boukhary 78/80/5 et aussi 4/58/3 – 4/57/1 – 78/35/2).

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