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TÉMOIGNAGE. La prison de Saidnaya, camp d’extermination du régime syrien

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Prison de Saidnaya

Lors de leur visite au régime de Bachar Al Assad fin août, des eurodéputés du parti de Marine Le Pen ont trinqué à deux pas de la prison de Saidnaya où plus de 13 000 syriens ont été exécutés pour des motifs politiques.

Voici un témoignage poignant de Khalil Alsayed, ancien détenu de cette prison de l’horreur et qui réside aujourd’hui en Autriche.

Dans la prison des services de la sécurité aérienne je n’avais pas de nom mais un numéro le 1220, il est interdit de prononcer nos noms. Le jeune Abdel-Kader El Nasser ne connaissait pas cette règle, c’était un jeune étudiant en 2ème année de médecine à l’Université de Kalamoon. Ils l’ont amené en 2013 avec ses compagnons parce qu’ils avaient organisé un sit-in, il avait très peur, je lui ai dit de ne pas s’inquiéter, qu’ils allaient l’emmener à l’interrogatoire. Je lui ai demandé de ne pas résister de répondre aux questions, qu’ils allaient le torturer, qu’il fallait tout dire pour éviter d’être trop torturé et avec un peu de patience ce mauvais moment passera.

C’était l’hiver Il faisait froid, les gardes l’ont ramené au bout de deux heures sans avoir été interrogé, tous ses compagnons sont passés devant lui à l’interrogatoire. Avant de le ramener en cellule les gardes l’avaient aspergé d’eau froide. Abdel-Kader tremblait, nous l’avons allongé par terre et avons tenté quelques massages pour le réchauffer. Rien ne le soulageait, j’ai appelé un des geôliers le suppléant de nous donner une couverture pour ce jeune qui était en train d’agoniser. Je me rappelle encore de la réponse du geôlier : Si tu me déranges encore une fois fils de p**e je vous tue tous les deux.

Quelques heures plus tard le jeune Abdel-Kader ne tremblait plus mais sa respiration était entrecoupée ses lèvres étaient devenues bleues, je n’ai pas résisté, je me suis levé et j’ai frappé à la porte. Le geôlier a ouvert la porte, j’ai eu un moment de soulagement pensant que ce geôlier allait enfin nous aider, une fausse joie c’était pour me traîner dans le couloir et me rouer de coup j’ai dû recevoir une cinquantaine de coup de fouets. Je suis rentré dans la cellule en rampant, du sang coulait sur mes jambes. Abdel-Kader est décédé plusieurs heures plus tard. A ce moment les geôliers nous ont jeté une couverture pour qu’on enroule le corps que l’on a déposé par la suite dans le couloir de la prison côté toilette à côté des corps des compagnons d’Abdel-Kader, ils étaient morts durant l’interrogatoire.

Ils ont refusé la couverture alors qu’il était en vie et l’ont jeté après sa mort pour y être enveloppé. La vraie souffrance est arrivée quatre mois plus tard quand j’ai été transféré vers la prison de ’Adraa (prison civile où le régime transfère les détenues avant de les relâcher et où les visites sont possibles). Un prisonnier demandait si quelqu’un avait croisé son cousin Abdel-Kader El Nasser. J’ai compris grâce à ses descriptions que c’était le jeune Abdel-Kader je lui ai tout raconté. Une semaine plus tard j’ai reçu la visite d’une dame. Elle m’a dit: Êtes-vous Khalil Alsayed. J’ai répondu: Oui qui êtes-vous ? “Je suis la mère d’Abdel-Kader El Nasser”. Je n’ai pas pu retenir mes larmes, je pleurais sans voix, elle demandait des précisions et détails sur Abdel-Kader, c’était bien lui : Abdel-Kader El Nasser étudiant en 2ème année de médecine, le père est médecin et la famille habite le quartier de Mezzeh à Damas. Comment lui dire que son fils est mort dans mes bras ? Elle s’est évanouie sur place.

Ne jamais oublier Abdel-Kader et tous les autres …

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