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Le jour où la France transforma dans la violence la mosquée Ketchaoua en cathédrale

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Mosquée Ketchaoua cathedrale

La récente décision souveraine de la Turquie de rendre Ayasofya au culte islamique après avoir été transformée en musée en 1934 par Mustafa Kemal, a provoqué une levée de boucliers en occident et en Russie. La France habituée à donner des leçons aux autres pays a immédiatement déploré cette décision qui “remet en cause l’un des actes les plus symboliques de la Turquie moderne et laïque” selon les mots de Jean-Yves La Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

Rappelons pour l’occasion que la décision de la justice turque est parfaitement justifiée. Car dès la conquête de Constantinople par l’armée de Mehmed II, celui-ci propose au patriarcat orthodoxe de Constantinople l’achat de la basilique ; acquisition qui devait se réaliser en son nom propre et grâce à ses propres deniers. Cette somme d’argent n’était ni celle du Sultanat ni celle du Bayt al-mâl (Trésor Public). Ainsi le contrat de cession fut conclu à titre personnel. Cet accord a bien été enregistré en tant que contrat de vente. De même, le prix a été payé en plusieurs fois, ce qui a été prouvé par des récépissés. A la suite de cette acquisition, le Sultan a constitué un Waqf (fondation charitable de droit musulman) et a légué sa nouvelle propriété à celui-ci. Ce transfert de propriété est aussi documenté par un acte notarial. Au moment de la constitution des Registres Fonciers (Tâbû), ce bien immobilier fut enregistré en tant que propriété exclusive du Waqf de Mehmed II. (*)

C’est ainsi que lorsque le dossier fut étudié, l’enquête a recensé 27 000 documents historiques. Les chercheurs ont trouvé dans ces dossiers le titre de propriété originel (sanad tâbû) précisant le propriétaire de l’immeuble qui n’est autre que le Waqf mis en place par le Sultan.

Le Conseil d’État s’est appuyé sur ces différents documents historiques pour rendre sa décision, après avoir été saisi par un représentant du Waqf aux fins de restitution du bien transformé par l’État turc en 1934.

DE LA MOSQUÉE KETCHAOUA A LA CATHÉDRALE SAINT-PHILIPPE

Cette transformation qui s’est faite sans violence et sans offense à la foi des vaincus contraste avec le traitement réservé par la France à sa nouvelle colonie qu’elle venait de conquérir en 1830. Et une des premières actions de la France colonialiste fut la transformation en 1832 de la mosquée Ketchaoua (construite en 1612 par les ottomans) de la Casbah d’Alger en cathédrale afin d’en faire le premier lieu de culte pour les chrétiens en Algérie. L’autel fut, selon les historiens, érigé en trois jours seulement pour célébrer la messe de Noël et l’Abbé Colin (préfet apostolique d’Alger) est venu bénir le lieu. Par la bulle Singulari divinae du 10 août 1838, le pape Grégoire XVI élève l’église au rang de cathédrale.

En 1844, elle est détruite sur ordre du général Savary malgré l’opposition des algériens qui s’étaient rassemblés en masse à l’intérieur et sur la place Ketchaoua. Certaines sources affirment que cette répression fit des centaines de victimes. Deux années plus tard, la cathédrale Saint-Philippe est érigée à la place. Celle-ci est restée en fonction jusqu’à l’indépendance en 1962 où elle est reconvertie en mosquée. En 1992, elle est classée, avec l’ensemble de la Casbah d’Alger, au patrimoine mondial par l’UNESCO. En 2008, la mosquée ferme pour travaux financés par l’Agence de coopération internationale turque (TIKA) pour rouvrir dix ans plus tard en avril 2018.

Mosquee Ketchaoua

(*) Fondement juridique de la transformation d’Aya Sofia (Sainte6Sophie) en mosquée

Crédit photo

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