Histoire
Mustafa Kemal Atatürk, l’homme qui voulait anéantir l’Islam
Le 29 octobre 1923, Mustafa Kemal, plus connu sous le nom d’Atatürk, faisait proclamer la République de Turquie par la Grande Assemblée Nationale réunie à Ankara, à 168 voix sur 256. Cette décision faisait suite à l’abolition du sultanat ottoman, vieux de plus de six siècles, l’année précédente, et avait été précédée par la création du Parti Républicain du Peuple (CHP), un mois plus tôt, qui devait devenir le parti unique et la pierre angulaire du nouveau régime.
Le logo de ce mouvement, composé de six flèches, représente les six piliers sacro-saints de l’idéologie kémaliste, qui devait désormais régner en maître sous la férule de l’Armée : laïcisme (par opposition à l’islâm), républicanisme (par opposition à la monarchie héréditaire ottomane), nationalisme (par opposition à l’Empire ottoman multinational et jugé trop cosmopolite), populisme, révolutionnarisme (par opposition à la Tradition jugée archaïque), étatisme (l’État devant “guider” le peuple). Ces fondements ainsi définis sont d’inspiration clairement occidentale – et particulièrement française, comme l’affirme leur créateur lui-même dès 1922 à l’Ambassade de France : “Quoique la grande Révolution française, dont nous lisons les pages sanglantes avec admiration et enthousiasme, ait jailli du cœur de la nation française, ses résultats n’en furent pas moins d’une portée universelle. (…) J’espère que les fils de la France d’aujourd’hui, de cette France révolutionnaire et patriote qui a, par sa dévotion à la défense des droits de l’homme, inspiré à l’humanité pensante ses principes les plus supérieurs, confirmeront par les faits la juste cause de la Turquie.”
Armé de cette idéologie, Atatürk et ses partisans vont consciencieusement chercher, par une série de réformes politiques, juridiques, religieuses, sociales et économiques menées d’une main de fer durant les années 20 et 30, à éliminer l’islâm de la société turque pour en faire un “État-nation moderne” politiquement et culturellement orienté vers l’Occident : “N’est-ce pas pour le calife, pour l’islâm, pour les prêtres et pour toute cette vermine que le paysan turc a été condamné à saigner et à mourir pendant des siècles sous toutes les latitudes et sous tous les climats ? Il est temps que la Turquie songe à elle-même, qu’elle ignore tous ces Hindous et Arabes qui l’ont menée à sa perte. Il est grand temps, je le répète, qu’elle secoue définitivement le joug de l’islâm ! Voilà des siècles que le califat se gorge de notre sang. (…) Messieurs et citoyens !… Sachez bien que la République turque ne peut pas être le pays des sheykhs et des derviches, des disciples et des adeptes. Le chemin le plus droit est celui de la civilisation. (…) Il faut savoir choisir entre la révélation passée et la liberté future.”
Chacun des diktats kémalistes s’accompagne de nouvelles diatribes contre l’islâm : ainsi de l’interdiction du fez (“Rejetons le fez, qui est sur nos têtes comme l’emblème de l’ignorance et du fanatisme, et adoptons le chapeau, coiffure du monde civilisé ; montrons qu’il n’y a aucune différence de mentalité entre nous et la grande famille des peuples modernes !”) ou de l’adoption de l’alphabet latin à la place de l’alphabet ottoman inspiré de l’arabe (“Mes amis, notre langue riche et harmonieuse va maintenant pouvoir se déployer en nouveaux caractères turcs. Nous devons nous affranchir de ces signes incompréhensibles qui depuis des siècles maintiennent nos esprits dans un carcan de fer.”).
En moins de deux décennies de transformation sociétale radicale, Atatürk put assumer de plus en plus ouvertement sa haine viscérale de l’islâm : “Depuis plus de cinq cents ans, les règles et les théories d’un vieux cheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle. Elles ont réglé la forme de la Constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu’il apprend à l’école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu’à ses pensées les plus intimes. L’islâm, cette théologie absurde d’un Bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies. Il est possible que ceci (l’islâm) ait convenu à des tribus du désert, mais pas à un état moderne orienté vers le progrès. La révélation de Dieu ! Il n’y a pas de Dieu ! Il n’y a que des chaînes avec lesquelles les prêtres et les mauvais souverains emprisonnent le peuple.’
Voilà pourquoi, des rédactions parisiennes aux salons littéraires laïcards du Maghreb, l’exemple d’Atatürk est aujourd’hui encore présenté comme le modèle ultime à suivre pour le monde musulman : c’est tout simplement celui de la destruction de l’islâm.
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