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Une association du Pacot recherche un lieu de prière pour les musulmans lambersartois

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Depuis trois ans, une association du Pacot demande à la ville l’usage d’une salle pour effectuer des prières, selon le rite musulman. Les fidèles lambersartois doivent se rendre à Lomme ou Lille. La ville assure ne pas pouvoir réserver un lieu à une seule structure, mais les discussions ne sont pas rompues. Et l’association présidée par Abdelhalim Sayoud, 28 ans, a des projets pour la rentrée.

Une association du Pacot recherche un lieu de prière pour les musulmans lambersartois

– Vous présidez l’Association d’entraide du Pacot-Vandracq. Quelle est sa raison d’être ?

« On a voulu prendre le relais des actions sociales du quartier. On se sert de l’association pour dialoguer avec les acteurs locaux, les habitants d’autres confessions. Une dynamique des musulmans de Lambersart s’est ainsi structurée il y a trois-quatre ans. »

– Pourquoi avez-vous demandé un lieu de prière à Lambersart ?

« Les musulmans de Lambersart vont à Lomme, Lille ou Villeneuve-d’Ascq. On ne se retrouve jamais entre musulmans de Lambersart. Le souhait d’avoir un lieu de prière dans la commune est apparu naturellement. C’est un peu inconfortable de ne pas pouvoir vivre sereinement sa spiritualité. Nous avons cinq prières par jour, dont la première peut être à 5 h. Aller dans une autre ville, à cette heure-là, en hiver… Beaucoup prient chez eux, certains vont à la mosquée à vélo… »

– Est-il important de prier collectivement ?

« La prière en commun, dans l’islam, est beaucoup plus profitable. Le rite prévoit un prèche obligatoire le vendredi, pas plus. Notre besoin est un lieu de prière, pas une mosquée. On n’accueillera pas mille personnes, même s’il y a mille personnes, à Lambersart, à l’écoute de notre projet. »

– Quelle a été votre démarche pour demander ce lieu de prières ?

« Nous avions fait circuler une pétition pour savoir quelle était notre légitimité. Il y a trois ans, 250 personnes, déjà, avaient envie d’un lieu de prière. Nous sommes allés voir la mairie avec cette pétition. Il y a eu quatre-cinq réunions, avec le maire, qui a été à l’écoute.

On a été forcés de constater que la mairie ne pouvait pas nous procurer ce lieu. Elle n’a pas beaucoup de salles et nous en voulons une à titre exclusif. Il serait très difficile de partager une salle ; les horaires des prières changent dans l’année, en fonction de la position du soleil. La dernière réunion a eu lieu en mai. Mais on considère que le dialogue n’est pas fini. On a le temps, on structure notre mouvement. »

– Vous avez mené d’autres actions ?

« Nous nous sommes tournés vers les autres communautés de foi. Il y a un an, nous avons organisé un après-midi sur le thème de l’amour du prochain, pendant l’Aïd el Kebir (commémorant la soumission d’Ibrahim – Abraham – à son dieu). On a invité les chrétiens. On s’est aperçus qu’on avait beaucoup de points communs. Le père Bordarier (Saint-Calixte) et d’autres étaient là. Une réunion a ensuite eu lieu à l’initative des chrétiens, sur le thème : qu’est-ce que l’islam ?

Au cours d’une 3e soirée, on est allé plus loin sur le plan de la spiritualité. La soirée était consacrée à Al-Ghazâlî, un philosophe du XIe-XIIe siècle. J’ai retenu que la relation spirituelle qu’on a avec Dieu est liée au travail de purification qu’on fait dans son cœur. On a échangé entre musulmans, puis les invités chrétiens sont intervenus. Ils étaient assez agréablement surpris de voir ce travail spirituel auquel ils appellent de leur côté. Il y avait 100 à 150 personnes à la salle Malraux. On va refaire ce type d’action. »

– Allez-vous continuer à chercher un lieu de prières à Lambersart ?

« Oui, la discussion avec la municipalité n’est pas terminée. Si elle ne peut pas nous aider, nous ferons appel à des bailleurs privés ou nous achèterons. Nous savons maintenant que les gens sont attachés à cette demande, c’est un mouvement collectif, avec le souhait d’aboutir. »

Cours et aide aux devoirs, à la rentrée

L’Association d’entraide du Pacot-Vandracq (AEPV) a l’intention de développer ses actions sociales à la rentrée de septembre. Sachant qu’elles « sont ouvertes aux non musulmans, à tous les Lambersartois ». « Nous voulons aider les gens dans le besoin à s’orienter dans les bonnes directions, précise Abdelhalim Sayoud, son président. Mais aussi donner des cours de français et d’arabe. » Autre volonté, pour cette rentrée : dispenser une aide aux devoirs, du CE1 à la 3e, a priori deux fois par semaine. Le tout dans un local partagé avec d’autres associations.

L’AEPV compte un noyau d’une vingtaine d’actifs et d’une cinquantaine de personnes mobilisables. Les musulmans, à Lambersart, vivent essentiellement au Pacot, mais aussi à Canteleu, rue Louis-Braille, avenue de Dunkerque et, en petite partie, à la Cité familiale.

Abdelhalim Sayoud, lui, a toujours vécu au Pacot. Huit ans rue De-Gaulle et vingt rue Racine. Également engagé au niveau associatif à Lille, il y agit en lien avec la Ligue des droits de l’homme et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP). Il est comptable dans une grosse société.

Contact : association.aepv@yahoo.fr

La municipalité prône le dialogue et la voie du privé

Christophe Caudron, premier adjoint, résume la position de la ville de Lambersart : « Des rencontres régulières ont eu lieu entre la municipalité et l’association, depuis trois ans. Dernièrement, j’ai redit que nous étions dans l’écoute et le dialogue. L’association a demandé des créneaux dans des salles pour des activités cultuelles et des réunions ; elle a ainsi eu la salle des fêtes pour une réunion sur un penseur musulman (voir par ailleurs).

Elle a aussi voulu une salle dédiée permanente. Or nous avons 40 salles et 200 associations. On ne peut pas répondre positivement à une telle demande, qu’elle que soit l’association, qu’elle soit cultuelle ou pas. »

Christophe Caudron songe à voix haute que la solution pourrait être d’une autre nature. « Le responsable de la mosquée de Lille, qui était à la réunion du Pacot-Vandracq (fin juin, réunion au cours de laquelle M. Sayoud s’est exprimé), a évoqué le privé. Les lieux de culte à Lille et à Lomme sont privés. Si les règles des établissements recevant du public sont respectées, la municipalité pourrait subventionner l’association pour un tel lieu à Lambersart. »

Mais le premier adjoint insiste à nouveau : « Nous sommes dans le dialogue et l’écoute ; la discussion peut continuer. »

Source : lavoixdunord.fr

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