Histoire
Le 3 novembre 644, Omar ibn al-Khattab est assassiné en pleine prière
Le 3 novembre 644, ou 26 dhû al-hijja de l’an 23 de l’Hégire, l’un des meilleurs hommes qui ait foulé cette Terre tombait sous les coups d’un lâche conspirateur.
Celui dont “l’islâm fut une victoire, l’émigration un triomphe et le califat une miséricorde”, l’homme dont la conversion permit pour la première fois aux musulmans de prier auprès de la Ka’ba, le deuxième calife de l’islâm à la justice proverbiale, le conquérant de Jérusalem et de la Perse, l’homme qui avait transformé l’état islamique de Médine en un invincible empire et posé les bases d’une puissance qui durerait des siècles… Omar ibn al-Khattab, qu’Allâh l’agrée !
Les conquêtes ininterrompues sous son règne avaient mené à Médine un certain nombre d’esclaves : parmi eux, un jeune soldat perse du nom de Fayrûz, que l’Histoire retiendra sous le surnom d’Abû Lu’lu’a (qu’Allâh le maudisse). Capturé à la bataille d’al-Qadisiyyah, il était entré au service du fameux commandant al-Mughira ibn Sha’ba, qui l’avait introduit au sein de son foyer à Médine pour ses compétences reconnues d’artisan. Mais l’homme avait d’autres plans : conspiration nationaliste perse ou simple vengeance sordide suite à une décision de justice de Omar en sa défaveur ? Quoi qu’il en soit, un matin d’automne, alors que Omar vient de commencer à diriger la prière du fajr, Abû Lu’lu’a, jusqu’ici tapi lâchement dans un coin de la mosquée du Prophète (ﷺ), saisit la dague empoisonnée qu’il avait caché dans ses vêtements et se jette par traîtrise sur le calife, qu’il poignarde à six reprises. En prenant la fuite, il touche mortellement plusieurs musulmans, avant de se donner la mort, cerné par ses poursuivants(*).
Baignant dans son sang, Omarprit toutefois soin de désigner ‘Abd ar-Rahmân ibn ‘Awf pour terminer de présider la salât, comme un symbole de l’homme qu’il était. L’ami intime du Prophète (ﷺ) survivra encore trois jours à ses blessures : le temps pour lui de nommer un comité chargé de désigner son successeur au poste califal. S’enquérant auprès de son fils ‘Abd Allâh de l’identité de son assassin, il remercia Allâh de ne pas périr de la main d’un musulman, puis fit demander à ‘Aisha la permission d’être enterré aux côtés du Prophète (ﷺ) et d’Abû Bakr. Apprenant qu’elle avait donné son accord, il s’exclama que “rien ne lui était plus aimé que cela”, puis rejoint son Créateur dans les heures suivantes… Al-Farûq, celui qui distingue le vrai du faux, n’était plus; et à Médine, chacun sentait que rien ne serait jamais plus vraiment comme avant. Qu’Allâh soit satisfait de lui!
(*) La fantaisiste science-fiction chiite veut que ‘Alî (RA) l’ait aidé à s’enfuir de Médine avant d’être transporté miraculeusement à Kashan, en Perse, où il aurait fini paisiblement ses jours, et où son mausolée supposé est vénéré depuis des siècles. L’anniversaire de l’assassinat de Omar y est d’ailleurs une fête célébrée dans tout le pays.
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