Histoire
Biographie de l’Imam Al-Boukhari
Né en 194 de l’hégire à Boukhara, dans la région de Khorasan en territoire perse, il est le petit fils d’une famille originellement Zoroastre ayant alors embrassé l’Islam. Il perd très tôt son père. Seul avec sa mère, on raconte, que devenu aveugle, cette dernière vit Ibrahim, paix et salut soient lui, en songe, lui annonçant la guérison de son fils. Le lendemain matin, le petit Boukhari aurait retrouvé la vue…
Il entame l’étude du hadith à 11 ans, en apprenant la compilation de hadiths de Ibn Al-Mubarak. À 16 ans, sa mémorisation du Coran fut déjà complète. La même année, il part s’installer avec sa mère à la Mecque. Continuant son apprentissage du hadith, il apprend également la jurisprudence shaféite auprès d’Al-Humaydi, en complément de la jurisprudence hanbalite qu’il maitriserait déjà. À 18 ans, il écrit son 1er livre sur les compagnons du Prophète, paix et salut soient sur lui, et leurs successeurs. Dans sa quête perpétuelle de hadiths, il part voyager à travers tout le Moyen-Orient à la recherche de doctes capables de le lui en transmettre. C’est ainsi qu’il rencontrera pêle-mêle en passant par Médine, Damas, Le Caire, Bagdad ou Kufah, les imams Ahmad ou encore Ishaq Ibn Mansur.
Son incroyable mémoire et sa dévotion à authentifier les hadiths font sa réputation. On rapporte une anecdote d’ailleurs fort révélatrice à ce sujet. Ibn Adiyy raconte en effet qu’un ”nombre de savants apprirent qu’(il) serait (…) de passage à Bagdad. Ils choisirent 100 hadiths dont ils brouillèrent les chaînes de transmission (…) Chaque savant prit 10 de ces hadiths et s’apprêta à (le) mettre à l’épreuve (…) l’un des savants (le) confronta avec le 1er de ses 10 hadiths. Il répliqua ”Je ne le connais pas”. Le savant lui cita un autre hadith. Il répondit ”Je ne le connais pas” et ainsi de suite jusqu’au 10ème hadith. (…) un autre savant exposa à son tour ses dix hadiths, puis un autre, jusqu’au 100ème hadith, et Al-Boukhari répondait invariablement ”Je ne le connais pas”. Quand il vit qu’ils avaient terminé, il se retourna vers le 1er savant et dit ”La chaîne authentique de ton 1er hadith est ceci, celle de ton 2ème hadith est ainsi etc.” Il fit de même avec le 2ème savant, puis le 3ème, et il poursuivit (…) jusqu’au 100ème hadith.
Al-Warraq raconte aussi qu’il répondit à un homme l’interrogeant sur ses connaissances que ”jamais je ne (…) citerai un hadith d’un Compagnon ou un Successeur sans que je sache la date et le lieu de leur naissance et de leur mort, et là où ils vécurent.(…)”. Dans l’étude des chaînes de transmission, il est dit qu’il ne disait jamais d’un homme ”c’est un menteur !” mais plutôt que ”telle personne l’a démenti” où qu’il serait ”non digne de confiance”.
À son apogée, il aurait appris par cœur autour de 100 000 hadiths authentiques et environ 200 000 hadiths d’authenticité questionnable. Avant chaque pose d’un hadith sur papier, il effectuait ses grandes ablutions et priait deux unités de prière. Pendant une quinzaine d’années, il scrute ainsi 600 000 hadiths pour n’en retenir que moins de 8000 pour son “Sahih”. Soumis à l’Imam Ahmed et à d’autres doctes en hadiths, son travail fut largement approuvé pour devenir le plus consulté des recueils de hadiths de l’histoire. Al-Warraq rapporte aussi de lui, qu’il le voyait, lors de voyages ”se lever la nuit entre 15 et 20 fois. Chaque fois, il allumait sa lampe et il extrayait des hadiths en les annotant (…) À l’approche de l’aube, il avait l’habitude de prier 30 rak`ah (…)”
Il écrira également d’autres livres tel que ”Tarikht-Kabir”, où il y explique comment reconnaître les narrateurs de traditions. Il y aura aussi “Kitab-ul-Kunni” où il y compile les noms et statuts des narrateurs de hadiths, et “Kitab-Ul-Zoafa” où il y décèle la fragilité de certaines traditions.
Agé de 42 ans, il regagne Boukhara où toute la cité s’était réunie pour l’accueillir. Ceci après s’être fait non plus ni moins accuser de soutenir la théorie du ”Coran créé”, lors de son passage par Nishapur (Iran). Perdant là bas tous ses élèves, seul Muslim ibn al Hajjaj continuera alors de rendre à ses cours. Oui, nous parlons bien ici de l’imam Muslim, second plus grand compilateur de hadiths de l’histoire, qui fut ainsi son élève… Parenthèse faite et de retour à Boukhara, sa mère décédée, il reçoit 180 000 dinars en héritage, qu’il investit dans la construction d’un centre d’étude fréquenté par des étudiants tant perses que chinois, turques et arabes. On estime à plus de 90 000 étudiants venant alors prendre la science du hadith de l’lmam Boukhari. Il se fera des disciples non moins fameux. Nous pouvons citer parmi eux entre autres At-Tirmidhi et Al-Marwazi.
Mais il sera à nouveau contraint de quitter sa ville. Il aurait en effet refusé de se rendre près du sultan Khalid Ibn Ibn Ahmad az-Zuhaly, qui le sommait de venir lui transmettre de son savoir. Mais comme à l’accoutumée, un savant ne se déplace pas, on vient vers lui.. Chose qui déplut fortement à l’intéressé, qui le fit exiler loin de là. Mais très vite, son règne va brutalement se terminer, ses proches et fidèles mourant eux aussi pour la plupart. Revenant à Bukhara, toujours aussi apprécié des siens, il mourra peu après de maladie, lors d’une halte à Khateng, sur la route de Samarkand, cherchant à se rendre près d’étudiants désireux de le rencontrer. Il quittera ce monde à l’âge de 62 ans, le 29 Ramadhan 256, non sans être resté pour tous ceux l’ayant connu le plus grand Muhaddith de son temps.
Cauchemar des coranistes, sommité scientifique pour les partisans de la Sunnah ; l’imam Al-Boukhari restera, de par ses maîtres et élèves, sa mémoire exceptionnelle et surtout, son travail quant à l’authentification des hadiths, l’un des personnages les plus brillants de la civilisation islamique. Puisse Allah le rétribuer de la meilleure des manières.
Renaud KLINGLER (Sarrazins)
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