Presse
Bataille pour les clefs de la mosquée de la Route de Turin à Nice
«Regardez le grand-père qui est là-bas, regardez sa canne, son dos cassé, où va-t-il prier si vous fermez notre mosquée ?»
51 route de Turin à Nice, au pied de la HLM qui abrite la salle de prières, hier matin. Des voix qui grimpent le long de la tour, qui montent, s’accrochent.
La police. Attroupement.
D’un côté, les responsables du contentieux de « Côte d’Azur Habitat » (CAH), propriétaire du lieu.
De l’autre, les fidèles du quartier.
D’un côté, la raison, la loi. De l’autre, les cris du cœur, les protestations blessées. Et entre les deux, une fracture. Immense.
Alors qu’une ordonnance d’expulsion a été prononcée contre l’association culturelle des « Rives du Paillon » qui occupe sans droit ni titre les quelque 70 m2 du lieu de culte, les représentants du bailleur social sont venus se faire restituer les clefs. Mais ça coince. Le président de l’association, Driss Belaid, un vieux monsieur tête chenue et français hésitant, semble abasourdi : « Comment nous expulser ? Mais je ne suis au courant de rien… Une lettre ? Mais on n’ a rien reçu… » Il sort un papier :« Regardez, nous on est honnêtes, on paie notre loyer ! »
« Ce n’est pas un loyer mais des indemnités d’occupation », explique la juriste de CAH. « C’est notre mosquée ! »,s’insurge un fidèle. « C’est un logement, pas une mosquée,rectifie la fonctionnaire. Aux responsables de l’association :« Si demain il y a un incendie, si demain vos fidèles ont un problème, c’est vous qui serez responsables. »Elle parle normes, sécurité, risques. En vain.
« Pas de salafistes »
Le ton monte. Fort. La délégation de CAH évoque la salle de culte de Roquebillière, fraîchement ouverte, comme solution. Feu aux poudres : « Là-bas, le maire nous avait promis 800 m2, il n’y en a que 300. Ici, il y a mille familles, là-bas dix-neuf tours, l’espace n’est pas suffisant pour permettre à tout le monde de prier ! », râle Samy Aminimendin.
« On veut pouvoir prier chez nous ! »,lance une habitante.« On n’est pas une usine à salafistes, on est modérés. Avant, dans le quartier, il y avait des arrachages de sacs, des dealers, on a calmé les choses. Si vous nous faites fermer, la délinquance va repartir », agite un autre.
« On n’est pas dans l’animosité…»,tente-t-on, côté Côte d’Azur Habitat. De l’autre, on crie à l’injustice, à la trahison : « M. Chetti(secrétaire de l’association Rives du Paillon et actuel président de l’association Amen qui gère Roquebillière, Ndlr)nous a menti ! Il a pris la tête de la salle de Roquebillière et nous fait expulser »(lire par ailleurs) .
Appelé par les dissidents, un avocat – Me Youlou – arrive en catastrophe. Découvre le dossier. Les négociations reprennent. Blocage. Conciliabules. Échec. Les fonctionnaires de Côte d’Azur Habitat repartent sans les clefs. Les autres restent, décidés à ne « pas céder ».
Source : nicematin.com
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