Presse
Une nouvelle mosquée inaugurée dans le Nord à Quiévrechain
Une semaine après l’inauguration de la mosquée de Petite-Synthe à Dunkerque, c’est au tour de la communauté musulmane de la ville de Quiévrechain d’inaugurer leur nouveau lieu de culte (mosquée Annour). Ci-dessous un article du journal La Voix Du Nord.
Cette inauguration-là aura une saveur toute particulière. À Quiévrechain, c’est la communauté musulmane qui a sauvé l’ancien dispensaire de la caisse des mineurs, transformée en mosquée. Sur place, la première génération des immigrés du Maghreb, celle qui est descendue à la mine, ne sera pas dépaysée.
Jamal Ragrag, président de l’association L’Union, «Al Ittiihad», a un sourire gros comme ça. «Nous tenions absolument à être aux Journées du patrimoine, c’était notre place. Sans nous, ce bâtiment était condamné, c’était une ruine». Aujourd’hui, l’édifice brille comme un sou neuf, rue Valériani. Les magnifiques murs de brique ont été sablés, centimètre par centimètre, par la communauté musulmane de Quiévrechain. «Six mois de travail rien que pour ça, un truc de fou», se souvient le président. Mais l’ancien dispensaire de la CARMI, la caisse de santé des mineurs, a pris aussi une autre coloration. Sur sa façade court un voile de béton, discrètement décoré d’une voûte… arabo-andalouse qui rappelle les minarets du Moyen-Orient ou les splendeurs de Séville. Le dispensaire deviendra officiellement ce matin la nouvelle mosquée An Nour, «la Lumière», le lieu de culte des musulmans de Quiévrechain. « Pas la plus grande du secteur dit un ouvrier bénévole, qui porte le même sourire en bannière. On peut accueillir 250 personnes. Dans les mosquées de Raismes et Beuvrages, la capacité est de 1000. Pas la plus grande, mais la plus belle, vous pouvez l’écrire…».
La fierté du travail bien fait. Il paraît loin le temps, c’était en 2008, quand un groupe de « rénovateurs », des jeunes Français musulmans, avait secoué la communauté, avec déjà en tête le rêve d’une nouvelle mosquée, ouverte et transparente. Les bisbilles étaient allées au tribunal. Quatre ans de démarche et d’huile de coude plus tard, An Nour a réuni 200 donateurs du cru et su mobiliser autour d’elle. Témoin ce jeune homme, chauffeur poids lourds de son état. Il a commencé sa journée à 4 h du matin pour un transport retour d’Allemagne. Il est quand même sur le chantier pour donner un coup de main. Et tout un chacun de proposer le tour du propriétaire. Au rez-de-chaussée de l’ex-dispensaire, la grande salle de prière, 80 m2, resplendit de lumière avec ses lustres délicats comme de la dentelle. La mosaïque traditionnelle des colonnes, faite à la main au Maroc, est un festival de couleur, Deux autres salles de prières sont prévues, dont une à l’étage, pour les femmes. «Mais uniquement faute de place au rez-de-chaussée, puisque dans l’islam, les deux sexes peuvent assister au prêche, ensemble, mais séparés en deux groupes», explique Sofiane Iquioussen, promu porte-parole. La vidéo intérieure diffuse le prêche de l’imam, la sono, intérieure aussi, les les prières journalières.
Seul le magnifique escalier en bois de l’ancien dispensaire n’a pu être sauvé. «Trop abîmé. Il avait brûlé plusieurs fois. C’était devenu un vrai squat ici , se souvient Jamal Ragrag. Il aurait sans doute été moins onéreux d’abattre le bâtiment et de reconstruire à zéro. Mais on a choisi de le garder» Car le défi a été, aussi, de réunir les fonds sans appel aux subsides extérieurs. Seules quatre collectes ont été organisées en 2012 dans les mosquées de la région. 163 000 € pour l’achat du bâtiment, 210 000 pour la rénovation. Un dernier chiffre qui aurait bien été plus élevé si les bénévoles n’avaient des mois durant assuré la main d’œuvre, sous le regard bienveillant de la municipalité.
Travail collectif. Autour de la trésorière adjointe, les femmes apportent les gâteaux pour la fête de ce samedi. 150 kilos en tout, une vraie corne d’abondance. 2500 invitations ont été distribuées, une pour chaque maison de Quiévrechain. C’est l’autre but de la mosquée An Nour, rompre les stéréotypes sur l’islam. «Ici, nous faisons les prêches en français. Il ne faut pas s’enfermer dans la communauté. Aller voir les autres et qu’on vienne nous voir. Casser ce mur artificiel», dit Jamal Ragrag. Outre les activités culturelles et l’entraide aux personnes, An Nour veut aussi demain s’ouvrir au dialogue avec les autres cultes. Et promouvoir « la laïcité garante des libertés».
Ce samedi 14, visite guidée de la mosquée (des protège-pied sont prévus pour les visiteurs, amenés à se déchausser). 11 h 15 : thé de l’amitié. 14h 30 – 20 h, portes ouvertes. expos sur le chantier, sur l’Islam, les plus belles mosquées du monde. Pour les personnes intéressées, des portes ouvertes sont aussi prévues, mais dimanche cette fois, à la mosquée de Raismes.
Source : lavoixdunord.fr
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