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Palestine occupée : ces mosquées transformées en boîtes de nuit, bars et salles d’exposition
De nombreuses mosquées palestiniennes portent les stigmates de la nakba. En 1948, des centaines de milliers de palestiniens étaient chassés de leurs villages par les groupes sionistes, laissant derrière eux leurs demeures et mosquées. Ces mosquées, parfois millénaires, lorsqu’elles ne sont pas simplement détruites par les occupants, sont alors transformées en synagogues, salles d’exposition, bars et restaurants ou même en QG de partis politiques. Zoom sur quelques unes de ces bâtisses.
MOSQUÉE ROUGE DE SAFED
La mosquée rouge de Safed (nord) est l’une des plus belles et plus prestigieuses de Palestine. Comme l’indique une plaque à son entrée, elle fut construite en 1276 (G) / 674 (AH) sur ordre du Sultan Mamelouk Zahir Babyrous au lendemain de sa capture de la ville des mains des croisés. A l’époque ottomane et britannique, le lieu en plus du culte, servait aussi à enseigner divers types de sciences religieuses. Depuis 1948, la sacralité de cette mosquée située au sommet d’une montagne a été violée à plusieurs reprises par l’occupation. Elle fut d’abord convertie en école religieuse juive (Yeshiva) puis en QG de campagne pour le parti Kadima lors des élections de 2006, ensuite en magasin de vêtements. En 2019, une société liée à la municipalité de Safed décide de transformer la mosquée en salle de fêtes.
« j’ai eu le vertige quand j’ai constaté à l’intérieur de la mosquée les signes de vandalisme, comme en témoignent les restes du verset du Trône [Ayat al-Kursi, ndlr] qui ont été retirées de la chaire et remplacés par les dix commandements en hébreu. » déplore l’historien palestinien Jamil Arafat.
MOSQUÉE AL-YUNUSI DE SAFED
Autre mosquée de Safed à faire les frais du vrai grand remplacement en Palestine ; la mosquée al-Yunusi. Construite par les Ottomans au début du siècle dernier vers 1901 (G) / 1319 (AH), elle fut convertie en salle d’exposition. Le minaret demeure encore debout tandis que l’intérieur de l’édifice est rempli de statuettes dont une représentant une femme enceinte nue, ses murs parsemés de photos et de de tableaux excepté une inscription gravée dans le marbre qui rappelle la fonction originelle de ce lieu profané par les occupants : “Ceci est la maison de Dieu dont la lumière éclaire le ciel de la gloire.”
MOSQUÉE AL-GHAR DE SAFED
Surnommée ainsi (Ghâr signifiant grotte en arabe) parce que voisine de la grotte bayt al-ahzan (maison des tristesses) où le Prophète Jacob aurait pleuré la mort présumée de son fils Joseph. Construite sous le règne du sultan ottoman Abdülhamid II (1876-1909), la mosquée a été transformée en synagogue après l’occupation de la ville par les juifs.
MOSQUÉE DU VILLAGE AL-KHALISAH
Situé au nord de Safed, al-Khalisah était un village palestinien qui comptait quelques 1840 habitants avant la nakba. Le 11 mai 1948, sous la menace des terroristes sionistes de la Haganah, la population est chassée du village. En lieu et place de ce village a été fondé en le nouveau village juif appelé Kiryat Shmona peuplé notamment par des juifs d’origine roumaine et yéménite puis en 1956 par de juifs venus du Maroc. L’ancienne mosquée qui date de la fin du XIXe siècle est devenue le musée de la nouvelle ville.
LA GRANDE MOSQUÉE DE CÉSARÉE
La grande mosquée de Césarée sur la côte palestinienne fut construite vers la fin du XIXe siècle par des musulmans bosniaques, venus d’installer dans la région pour servir de renforts militaires dans l’armée ottomane et échapper à la montée du christianisme dans l’Empire des Habsbourg. Le minaret que l’on peut voir dans la zone portuaire est un vestige de la colonie bosniaque de Césarée. Après l’occupation de la ville, la mosquée dont le minaret demeure intact est transformée en bar-restaurant puis en boutique.
Des dizaines d’autres mosquées ont subi le même sort. Nous ne pouvons toutes les lister ici.