Chroniques

Le dévoilement des femmes musulmanes, une tradition franco-française

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Le dévoilement des femmes musulmanes est une obsession franco-française qui ne date pas d’hier. Il y a plus d’un siècle, les colons français en Algérie annonçaient déjà aux chefs de familles musulmans que « vous voterez quand vos femmes seront dévoilées ». Les pressions de ce genre seront constantes. Plus tard, quand on invite l’ouvrier algérien à participer au repas de Noël organisé par le patron pour ses salariés, on le presse de ramener sa femme avec lui. Au chômage est aussitôt celui dont la femme arrive voilée.

Après la seconde guerre mondiale, des affiches sont placardées dans les rues et les journaux soulignant la beauté de l’Algérienne dépourvue de son haïk. Des campagnes sont menées dans lesquelles on l’invite à « s’émanciper » par le dévoilement. Compris comme l’ultime rempart de l’identité algérienne, le voile doit tomber. Le colon veut voir l’Algérienne et ce voile l’en empêche, et son souhait de soumettre l’islam à la discrétion semble tomber à l’eau dès le premier voile aperçu.

«Cérémonie de dévoilement» sur le Forum à Alger en mai 1958.

En 1377H* (1958G**), des autodafés sont menés : des femmes sont invitées, entourées de militaires et photographes, à brûler leur voile. L’affaire se répétera à plusieurs reprises jusqu’à la fin de la colonisation française. Trente ans plus tard, le voile refaisait son apparition dans le débat, mais en France. Une première affaire a lieu en 1409H (1989G), celle des voiles de Creil. Elle sera suivie par des centaines d’autres. L’obsession redémarrait, pour ne plus jamais s’arrêter.

Sarrazins
(*) Année Hégirienne (**) Année Grégorienne

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