Histoire

Sarajevo, la perle des Balkans

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Parmi les cités fondées dès le premier jour sur l’islâm, aux côtés de Bagdad, Kairouan ou Marrakech, il en est une qui reste trop souvent méconnue : Sarajevo.

C’est dans la foulée de la conquête du royaume chrétien de Bosnie par les armées ottomanes, en 1461, que la ville est fondée par le premier gouverneur de la nouvelle province, Isa-Beg Ishakovic – lui-même un Bosniaque converti à l’islâm -, tel un symbole du nouveau départ pris par son peuple. Car, cas presque unique dans l’histoire islamique, la majorité des Bosniaques vont en effet se convertir à l’islâm durant le siècle qui suivra la conquête. Une grande mosquée, un bazar couvert, un hammam et un palais – le Saray – y sont construits, donnant à Sarajevo l’allure d’une véritable cité impériale ottomane. C’est ce dernier qui donnera d’ailleurs son nom originel à la ville : Saraybosna.

Au début du 16ème siècle, un autre gouverneur issu de la région, Gazi Hüsrev Bey, en fait l’une des villes les plus florissantes et modernes d’Europe en y construisant un complexe de mosquées, madrasas et bibliothèques, un système d’alimentation en eau courante et le plus grand marché des Balkans. Une centaine de mosquées viennent agrémenter la skyline de la cité, qui se couvre de dômes et de minarets. Sarajevo est alors, avec une centaine de milliers d’habitants, la deuxième plus grande ville de l’empire ottoman, derrière la capitale Constantinople. Les communautés juive, chrétienne et musulmane qui y cohabitent paisiblement à l’ombre de la sharî’a lui valent le surnom de “Jérusalem d’Europe”, à une époque où les musulmans d’Espagne sont impitoyablement pourchassés.

Sarajevo ne peut toutefois échapper au déclin de l’empire qui l’avait fondée : en 1697, elle est ainsi brûlée et pillée par les Autrichiens. Bien que reconstruite, elle mettra des décennies à retrouver son lustre d’antan et sera finalement annexée par l’empire austro-hongrois en 1878. C’est là que la Première Guerre Mondiale se déclenche, lorsque l’empereur Ferdinand y est assassiné par un nationaliste serbe. Intégrée au nouveau royaume de Yougoslavie en 1918, la cité n’en perd pas pour autant son identité islamique si singulière au cœur de l’Europe : jusque dans les années 40s, Sarajevo restera le bastion du fez et du feredza – la version locale du niqab.

La laïcisation forcée menée par la suite par le régime communiste de Tito en décidera autrement – et ce n’est que de peu que la cité échappera à la destruction complète aux mains des Serbes, après un terrible siège de quatre ans entre 1992 et 1996… Sarajevo reste, quoi qu’il en soit, une plaque tournante incontournable de l’histoire de l’islâm en Europe.

Ribât

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