Chroniques

Halloween ou la mort en fête

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Arrivée dans les années 90 en nos rues de France et d’Europe, la fête d’halloween eu dès sa banalisation nombre de détracteurs. Les uns y voyaient une américanisation des moeurs, d’autres, une énième et nouvelle occasion pour quelques marchands de faire des sous.

Dans les faits et le temps, Halloween n’est ni américaine, ni même une création récente. Il faut revenir deux millénaires en arrière et traverser l’océan vers l’Europe pour en voir d’ailleurs de premières traces. À l’époque, les celtes avaient pour croyance le retour des morts à la veille de leur nouvelle année correspondant aujourd’hui à la fin du mois d’octobre. S’en suivaient festins et grands brasier, courses de chevaux et sacrifices, le tout sous l’autorité de réputés druides. Samain se nommait alors la fête. Déjà certains portaient de macabres costumes pensant que les âmes des errants les prenant pour les leurs les laisseraient tranquilles.

Au cours de la christianisation de l’Europe, les fêtes païennes, théologiquement réfutées sont aussi souvent récupérées. Constatant le maintient de cette fête des morts, la Toussaint, originellement fêtée au printemps, est déplacée le lendemain de la païenne célébration afin d’en christianiser le moment. Le 1er novembre devient ainsi la fête de tous les saints. Sur le conseil du pape Grégoire IV, l’empereur franc Louis le Pieux fait même imposer au 9ème siècle chrétien la chose à tout le territoire carolingien. Mais les croyances et festivités païennes perdurent, ce malgré les efforts des hommes d’églises tentant tous les syncrétismes possibles.

Longtemps durant, de la nourriture est ainsi laissée aux morts dans des foyers bretons quand d’autres en Grande Bretagne font du porte en porte, demandant à manger ce soir là en échange de prière pour les morts. On porte alors des lanternes creusées dans des navets, la bougie à l’intérieur symbolisant l’âme coincée en le purgatoire ; ceci en référence à Jack O’Lantern, personnage légendaire condamné à errer éternellement dans l’obscurité s’éclairant d’un tison posé dans ce légume. Le navet devient citrouille, pour des raisons pratiques, une fois les irlandais migrant vers l’Amérique du Nord au 19ème siècle. La fête est alors rebaptisée Halloween, venant de “All Hallow Even” , la veille (Even) de la fête de tous les saints (all hallows). Disparaissant en Europe non anglophone (et catholique), elle se démocratise sur tout le continent américain, s’infantilisant peu à peu et se parant de ses attributs qu’on lui connaît : sorcières, têtes de mort et bonbons.

Il faudra attendre les efforts conjoints de Coca Cola, France Télécom et Dysneyland pour voir la fièvre d’halloween re-débarquer en France et en Europe. Si les consommateurs râlent, l’Eglise elle s’inquiète à nouveau. Le paganisme serait-il de retour ? C’est comme si, mais pour s’en défendre, les uns vantent alors aux autres son côté désormais plus divertissant que cultuel. Un cultuel divertissement ? Séduisant qui plus est. Visant la gente infantile, les marchands le savent, les parents plient, halloween est depuis devenu presque un incontournable. Pour le plus grand plaisir des commerçants. Drôle de rebondissement. Aux dernières nouvelles, quelques celtes s’en sont retournés dans leurs tombes : à ce qu’il paraît, des mahométans s’y seraient même mis !

Sarrazins

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