Histoire
Quand la France vibrait au son de l’Adhan
Après la prise de l’Espagne par les forces islamiques menées par Musa ibn Nusayr, on relate l’entrée en territoire franc de musulmans pour la 1ère fois autour de l’an 95 de l’hégire (714 – 715). Peinant à comprendre ce qu’il s’y passe réellement, les Francs voient rapidement bien de leurs villes tombées en les mains de ces inconnus aux barbes sombres coiffés d’un turban.
Narbonne, petite ville côtière est alors prise en 102H (719) par le 3ème gouverneur d’Espagne, al Samh. Loin de s’arrêter là, il décide de s’en prendre à Toulouse (Tulyusha). Nous sommes le 8 Dhou al Hijja 102 (9 juin 721), le siège est un échec, al Samh meurt au combat. Mais son successeur Anbassa réussit 4 ans plus tard à se tailler une part non négligeable de toute une partie du sud de la France. Tour à tour, il conquit Carcassonne (Qarqashuna), dont les fresques relatant les combats sont encore visibles sur site, Nîmes (Niwmshu) et l’ensemble des communes avoisinantes. Remontant le Rhône, il installe des garnisons militaires à Lyon comme à Avignon.
En 114H (732), c’est au tour du gouverneur Abd ar Rahman al Ghafiqi de s’en prendre à Bordeaux. Eudes, duc d’Aquitaine est battu et doit même selon des récits se voir contraint de donner la main de sa fille à un chef berbère nommé Munusa. Cherchant à s’en prendre à Tours, c’est alors qu’ils rencontrent le fameux Charles Martel et que s’en suit l’épisode que nous connaissons tous.
Les musulmans freinent ainsi leur avancée, se concentrant sur la province déjà conquise. Arles est tout de même aussi prise en 117H (735). Des années durant, ils repousseront les incessantes attaques du maire de Paris Charles Martel, qui réussira à reprendre le contrôle de bien des communes prises. Non sans en massacrer tantôt les populations locales… Mais Narbonne résiste, et très bien, au point qu’elle se voit peu à peu allégée en militaires musulmans. On raconte alors que le gouverneur d’alors, Uqba, fait un si bon travail qu’il obtient la conversion de milliers de locaux.
Attaquée par Pépin le bref en 134H (752), parfois délaissée par l’émirat espagnol en proie à de nombreux troubles internes, la Narbonnaise musulmane résiste jusqu’en 141H (759), année de sa chute. La population retournée par des agents francs, elle se rebiffe et massacre les musulmans présents. 39 ans se sont écoulés depuis sa prise par al Samh. Importante garnison, de nombreux gouverneurs de Cordoue y avaient débutés leur carrière. La province arabe s’étendait alors des Pyrénées-Orientales au Gard, en passant par l’Hérault et l’Aude.
Constamment repoussés plus au sud, les musulmans attaquèrent Narbonne à nouveau en 177H (793) comme en 226H (841), au travers de raids venus de Méditerranée. De la Mer viendra ensuite et régulièrement la menace sarrasine. Marseille et l’ensemble de la Provence seront ainsi tout le 9ème siècle grégorien durant la cible de raids intempestifs. Si la Narbonnaise musulmane avait pris fin, c’est ainsi à cette période le début d’une autre percée et conquête musulmane en France : le Frexinet.