Chroniques
De l’exceptionnelle expansion de l’Islam et ses Hommes
Si nos pieux prédécesseurs réussirent à aussi rapidement gagner de si vastes territoires, nous savons que la foi qu’ils eurent en Allah et l’appui qu’Allah leur accorda en ceci furent au 1er plan des raisons l’expliquant. Aussi, Il facilita l’expansion de l’islam via de nombreux facteurs tiers, qu’ils aient été géographiques, sociaux ou politiques ; nous confortant ainsi que si la Révélation fut en cette époque, ce lieu et via ces hommes, ce ne fut aucunement sujet à un quelconque hasard. L’islam devait se répandre, et rapidement.
Philippe Senac, professeur d’histoire médiévale, revient ainsi sur certaines de ces raisons.
Extraits :
“L’extension et la rapidité des conquêtes musulmanes ont beaucoup surpris les histoires (…). (…) Il ne semble pas que les musulmans aient disposés d’une réelle supériorité numérique, ni d’un armement supérieur et rien ne permet d’affirmer que la valeur militaire des musulmans ait été plus grande. (…) face à la fougue des conquêrants, l’adversaire témoignait d’une réelle faiblesse. D’un point de vue musulman, on aurait tort de minimiser l’enthousiasme religieux et la foi que sous-entendait le combat. (…) D’autres causes ont été avancées comme (…) la qualité des informations fournies par les marchands caravaniers sur les forces ennemies, la valeur des chefs militaires, la bonne intendance (…). (…) les musulmans se déplacèrent dans un espace géographique familier, (…) l’absence de barrière montagneuse facilita considérablement l’avancée des troupes. Un réchauffement climatique qui se serait produit vers la fin du VIème siècle renforça peut-être encore d’avantage l’ardeur des Bédouins.
Du côté des vaincus, il ne fait guère de doute que les musulmans assaillirent des régions dominées par des régimes en crise et que les adversaires crurent souvent qu’ils avaient à faire à de simples razzias (…). Les longues guerres qui avaient opposé Byzance et la Perse (…) avaient amenuisé les capacités de résistance des eaux empires. Dans le cas de l’Egypte, les divisions religieuses et les pressions exercées par les byzantins sur les communautés chrétiennes constituaient un ferment de discorde (…). Dans bien des cas, les populations indigènes accueillerent avec satisfaction l’arrivée des conquêrants. Les charges imposées par les conquérants étaient souvent inférieures (…).
(…) les Arabes cherchèrent à assurer la permanence de leurs conquêtes en s’installant souvent à l’écart de la population (…). Moyennant le paiement de la djizya, les tenants de religions monothéistes acquéraient le statut de dhimmi (…). On leur reconnut la liberté de pratiquer leur culte et celle de conserver leur organisation interne. Les terres furent laissées à leur propriétaires (…). En somme, la conquête ne bouleversa nullement la vie des populations indigènes et celles-ci virent souvent dans les Arabes des conquêrants tolérants (…).
Les territoires conquis devinrent des provinces administrées par un gouverneur dans lesquelles l’administration régionale fut souvent laissée aux mains des fonctionnaires indigènes. Les conquêtes ne débouchèrent donc ni sur une arabisation ni sur une islamisation systèmatique et chaque province conserva ses traditions. En Egypte, après l’évacuation d’Alexandre par les troupes byzantines en 642, les Arabes respectèrent la population copte et ils s’établirent près du Nil à Fustat.”
Philippe Senac, Le Monde musulman des origines au XIème siècle, Armand Colin éditeur, 2011, pages 37-39