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Pas de mosquée à Mulhouse : les musulmans pris en otage

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Hier très tard dans la soirée, le Conseil Municipal de Mulhouse (Haut-Rhin) après une heure de délibération, a approuvé la modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU) visant, en particulier à “rendre la zone industrielle de la Mer Rouge exclusivement dédiée aux activités économiques”. Proposition visant explicitement à empêcher l’implantation d’une nouvelle mosquée dans cette zone. Et ce, à 5 mois des élections municipales. L’Édito de David B.

Trois caractères suffisent à décrire l’ambiance islamophobe à Mulhouse : UX6. UX6 n’est pas le dernier né des SUV de BMW, ni le nom d’une nouvelle molécule miracle, c’est tout simplement le numéro de parcelle cadastrale à Mulhouse qui aura dévoilé aux yeux de tous la réalité de la vie politique locale. Ses acteurs? Des ambitieux au détriment de toute déontologie, des électoralistes dont le grattage de voies ne se lit plus sur les visages mais se sent à des mètres à la ronde, des techniciens spécialistes du «j’te la mets à l’envers, t’as rien vu venir, dis-moi merci». Des gens que l’on appellerait par pudeur des pragmatiques si ce pragmatisme ne se résumait pas à baisser son pantalon –comprenez coopérer- pour quelques places, peut être quelques «malgré-nous» tellement impressionnés ou endormis par cette bassesse qu’ils ne veulent plus ou ne peuvent plus dire non mais malgré ça quelques courageux et courageuses, et il est important de le souligner. Mais bien sûr et à n’en pas douter, tout ce gratin dans un esprit que eux osent appeler «républicain» car bien décoré derrière des discours bien étoffés où chacun se fait défenseur de sa ville, des droits de l’homme, et patati et patata. Personne n’est dupe.

LES INTERVENTIONS

Le premier à prendre la parole fut la tête de liste socialiste Pierre Freyburger, fustigeant d’entrée de jeu le maire qualifiant la situation de «schizophrénique». Peut-être Mr. Freyburger oublie qu’il était le premier à se positionner sur le projet, allant une fois dans le sens de l’ASCEN en poussant le maire dans ses retranchements, et l’autre fois dans le sens des musulmans en allant les voir les jours de l’Aïd affirmant son soutien, sans doute est-il déjà en campagne. Nous ne comprenons pas jusqu’à présent l’utilité de son action sur ce projet, si ce n’est de déstabiliser sans toutefois y parvenir le groupe majoritaire, l’UMP. Toujours est-il que Mr. Freyburger s’est retrouvé dans le rôle de l’arroseur arrosé car son intervention était tout autant schizophrénique que celle de son rival pour 2014.

Après avoir rappelé la volonté de permettre à chaque religion de pouvoir exercer son culte dans des locaux appropriés, les incohérences du dossier et le changement de position du maire déclenché par ses soins, Mr. Freyburger explique à l’auditorat que la modification du PLU (Plan Local d’Urbanisme) ne satisfait ni Millî Görüş, ni l’ASCEN et qu’avant de voter cette modification il faut proposer à Millî Görüş un autre endroit sans quoi il faudrait reporter ce point… avant de voter pour la modification?!? Incohérent n’est-ce pas? Il enfonce le couteau dans la plaie en avouant publiquement qu’il fait partie de l’ASCEN. Il justifie sa prise de position : «Si notre proposition n’est pas retenue, nous voterons cette délibération» car même si «le fond de la question» n’est pas réglé, il faut bien «rassurer momentanément les habitants de Dornach». Dornachois soyez rassurés! Mr. Freyburger veille et les hordes islamistes sanguinaires mangeurs d’enfants de Millî Görüş ne viendront pas mal se garer sur les parkings vides de la Mer Rouge, ils ne vous importuneront pas en mangeant des merguez et autres islamisteries Halal dans la joie et la bonne humeur le week-end. Mr Freyburger, vous avez été pris en flagrant délit de racolage de voix, délit moral non pas condamné par la justice mais par les urnes. Les honnêtes gens, les 5.000 signataires (et plus), de la pétition pour la mosquée et les musulmans vous ont vu mais ce n’est pas grave puisque vous vous défendez de tout communautarisme. À courir deux lièvres à la fois, on finit par rentrer bredouille!

Cette intervention fut suivie par celle de Fabrice Ciarletta qui quant à lui, voit les mosquées causer la dépréciation du quartier et nombre de nuisances. Et il a des preuves, puisque deux logements n’arrivent pas à se vendre dans le secteur Lavoisier depuis un an et que des gens ont du mal à se garer, un peu comme dans tout Mulhouse. Cet argumentaire dont le niveau effleure celui d’un enfant de 10 ans tant par sa substance que par sa cohérence en a fait sourire plus d’un. Mademoiselle Gündüz a bien tenté de lui dire que ça prouvait simplement l’étroitesse des lieux de culte, Mr. le Maire Jean Rottner que des améliorations significatives avaient été réalisées dans des secteurs peu denses en places de parking, rien n’y fait. À cette bêtise sans nom, nous reprendrons un tweet de Maxime Roux : «les mosquées font chuter les prix de l’immobilier” Et les synagogues provoquent des tornades aussi?».

Troisième personne à prendre la parole, Mevlüde Gündüz, dont l’intervention concise a le mérite de remettre les pendules à l’heure. Différenciant le blabla protocolaire et la réalité du dossier, elle dénonce une «mascarade», une «hypocrisie bien maquillée techniquement», que le «fond du problème, c’est qu’il s’agisse d’une mosquée», le tout sans trembler. Mevlüde Gündüz assure avoir vu de ses yeux les 5.000 signatures qui bel et bien réelles et insiste sur le fait qu’il s’agit là «d’un soutien mulhousien à ce projet». Devait-elle rappeler que les signataires ont le droit de vote? Le message est tout de même passé quand le mot «électoralisme» est lancé. C’est sans surprise que Mademoiselle Gündüz vote contre. Bravo Mevlüde, les musulmans vous remercient de ne pas avoir bercé dans le béni-oui-ouisme, de ne pas avoir été «l’élu de la diversité» de service qui corrobore le n’importe quoi de n’importe qui pour s’assurer une bien si maigre et mal gagnée place.

Elle fut suivie par Malika Schmidlin-Ben M’Barek. La socialiste, fustigée par Binder qui l’accuse de «communautarisme» et par le maire qui lui demanda si elle allait la faire à la Hollande et auquel elle répond qu’elle faisait ce qu’elle voulait, dénonce, socialisme oblige, le fait que la politique du maire UMP avait «mis les gens les uns contre les autres», mettant les musulmans à la «vindicte populaire». En cohérence avec ses propos, Malika vote contre la modification du PLU, en contradiction avec l’écrasante majorité – quasi unanimité – des élus socialistes, fidèles à Mr. Freyburger et à sa schizophrénie. Cette prise de position ne passe pas dans l’oreille d’un sourd et Denis Rambaud lâche sur Twitter : «Révisions du PLU de Dornach : le PS mulhousien éclate!».

En entendant parler le cinquième intervenant, je me suis demandé si son nom était Binder ou Pinder, tant cela était risible et inaudible intellectuellement. En comparant la montée du Front National, ses propos et le taux de réussite au baccalauréat, je me dis des fois qu’il n’y a que les gens qui n’arrivent pas à avoir leur bac qui votent pour ce genre de choses. Au pire des cas pour lui, il pourra toujours postuler pour Carambar afin d’y rédiger des blagues, et à défaut il pourra créer sa société : «Les Blagues Binder», ça créera peut être de l’emploi, qui sait?! Je n’arrive même pas à croire que des gens prétendument républicains arrivent à avoir peur de ce genre de phénomène de foire autorisé à parler dans des institutions. Notre République serait-elle si fragile ou notre prétendu «Front Républicain» si stérile qu’il n’arriverait pas à contenir ce flot de bêtise humaine? Mince alors, quand lors du précédent conseil il avait averti qu’il reviendrait avec un dossier sur Millî Görüş, je m’attendais à quelque chose de probant, d’intelligible. À n’en pas douter un élève de sixième auquel il aurait été demandé de faire un exposé sur la question aurait fait mieux. En exclusivité, quelques «blagues à Binder» : «Atatürk était un très, très, très grand homme qui a enlevé l’alphabet arabe pour mettre l’alphabet latin», «Millî Görüş veut reconquérir Rome», «Libanisation de Mulhouse par le parti socialiste», «oui à la vision de l’Islam de Malika Sorel» et, la numéro un, d’appeler les musulmans à voter pour lui.

Après le quart d’heure humoristique du clown de l’assemblée communale, retour au sérieux avec Hakim Mahzoul qui fut le sixième à s’exprimer sur le sujet. Il n’a pas manqué de rappeler au maire qu’il a été «très mal conseillé» et que quand il s’adressait aux musulmans il devait les «regarder comme des mulhousiens tout simplement». Pour Mr. Mahhzoul, voter la modification du PLU est «un dernier baroud» de Mr. Rottner en tant que maire. Un baroud d’honneur? Non, baroud tout court. Bien parlé, Mr. Mahzoul, vous avez bien fait de vous positionner légitimement contre cette modification de PLU.

Le septième et dernier élu à avoir pris la parole est le centriste Bernard Stoessel. Chahuté par un Pinder désinvolte recadré par le maire, il a affirmé rejoindre les idées de Mr. Freyburger, tout en s’étonnant, sous doute ironiquement, qu’il eut fallut attendre 2012 pour s’intéresser à la ZAC Dornach mise en place en 1991. Il s’est distingué toutefois en qualifiant l’association Millî Görüş «d’association respectueuse».

Le Maire a ensuite répondu aux remarques et aux critiques. Résultat des courses : 6 votes contre, ceux que nous avons cité plus haut ainsi que Nicole Dangello et Claudine Boni-Da Silva, et 2 abstentions : Christelle Ritz, Fabrice Ciarletta , tous deux sympathisants frontistes qui voulaient embêter le maire.

2014 : LE CHOC DES TITANS OU DES GNAN-GNAN

2014, c’était donc pour ça… Si 2012 n’a pas été l’année de la fin des temps attendue par des illuminés de tout bord, 2014 sera l’année des élections municipales attendus par 60 millions de citoyens soucieux de voir leur condition s’améliorer, l’année d’une bataille politico-médiatique ou chacun ne cèdera pas à l’autre l’espace d’un empan, quitte à jouer sur le populisme de certains et les nerfs d’autres tout en gardant le bon rôle en appelant à l’apaisement, tels des pompiers pyromanes. À ceux qui se présenteront la responsabilité de ne pas faire comme les mayas en promettant tout et n’importe quoi en usant de notre crédibilité.

Les principaux belligérants pour cette bataille, à savoir Jean Rottner, maire sortant investi mardi dernier par l’UMP pour les municipales au détriment d’Arlette Grosskost sa rivale dont il était, il n’y a pas si longtemps sa suppléante, Pierre Freyburger quant à lui investi par le PS et qui aurait dû avoir le soutien des centristes si François Bayrou n’avait pas démonté ce coup de bluff en niant tout soutien officiel, et Martine Binder épouse de celui qui ne peut plus se présenter car condamné par la Justice, ont comme à l’accoutumée, jeté les musulmans en pâture à leur électorat, sans projets réels dans une France sujette à la crise économique et au chômage qui va avec et, à défaut, les ont pris en otage pour arriver à leurs fins.

La classe politique locale et les partis traditionnels devant, le fameux front républicain tant plébiscité pour garantir la pérennité de nos institutions, devrait pourtant avoir la maturité de comprendre que ce jeu dangereux nourrit les extrêmes. Que Jean Rottner prenne garde à ce que ceux poussés par les socialistes et récupérés par le FN ne se détournent de lui au même titre que les musulmans à qui ne sont pas dupes. Que Pierre Freyburger ouvre ses yeux et voit que son travail de déstabilisation de Jean Rottner a été récupéré par le FN. Que la classe politique prenne en considération que l’Islam n’est plus la religion de l’immigré qui se contentait des miettes qu’on lui octroyait mais bel et bien la seconde religion de France, dont la communauté est insérée aussi bien socialement qu’économiquement et, qui plus est, française et citoyenne, et donc a le droit de vote. Si tous ceux-là n’ont pas compris ou refusent de comprendre que les 5.000 signatures cachaient 5.000 électeurs, que dire sinon que vos béni oui-oui ne vous seront d’aucune utilité, vos “arabes de service” devenus “musulmans de service” avec la mutation du problème de l’immigration en problème de l’Islam sont démasqués, hués, détestés. Que les urnes témoignent!

Merci à tous ceux qui ont voté contre d’avoir été déontologiques, on s’en rappellera en 2014. Les autres ne vous inquiétez pas! On s’en souviendra aussi au moment d’aller voter…

PS : celles et ceux qui en ont marre peuvent toujours s’inscrire sur les listes électorales, il vous reste jusqu’au 31 décembre.

David B.

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