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Strasbourg, ville “muslim-friendly”

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Les musulmans vivent-t-ils mieux leur foi en Alsace qu’ailleurs en France ? C’est la question que se posent beaucoup ces derniers jours après l’affaire de la subvention de la mosquée Eyyûb Sultan de Strasbourg (2,5 millions d’euros). Cette polémique alimentée par les médias a fait réagir jusqu’au haut sommet de l’Etat poussant même Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, à saisir la justice pour empêcher cette subvention, pourtant habituelle pour ce type de projet dans la capitale alsacienne. Dans cet article, nous allons vous expliquer pourquoi il fait bon d’être musulman à Strasbourg.

Le quartier de la Petite France.

DEPUIS 1999, STRASBOURG SUBVENTIONNE CHAQUE PROJET DE MOSQUÉE A HAUTEUR DE 10% DU COÛT TOTAL

Grâce au concordat en vigueur en Alsace-Moselle, les édifices cultuels reconnus (juifs, protestants et catholiques) sont financés par les collectivités. Mais depuis 1999, Strasbourg finance aussi chaque nouveau projet y compris les mosquées, à hauteur de 10%. Ce fut le cas de la Grande Mosquée de Strasbourg ouverte en 2012 et inaugurée par Valls alors ministre de l’intérieur et des cultes. La région et le département avaient eux aussi apporté leur contribution financière comme le montre la plaque apposée à l’entrée de cette mosquée (8% chacun). Au total, la GMS a été financée à hauteur de 26% par les collectivités. Rappelons au passage que des Etats étrangers ont participé financièrement (Maroc, Arabie Saoudite et Koweït). D’autres mosquées ont été subventionnées par la municipalité, citons quelques exemples : la mosquée de Hautepierre, la mosquée de la Robertsau et la mosquée de Neuhof. D’autres projets en cours vont être subventionnés par la Ville.

La Grande Mosquée de Strasbourg.

La mosquée Arrahma de Hautepierre (Strasbourg).

La mosquée de la Robertsau.

LA VILLE LA MIEUX DOTÉE EN MOSQUÉES, DIGNES DE CE NOM

Ce qui excite aussi les ennemis du vivre ensemble, est cette tradition de la Ville de ne pas s’opposer aux projets de mosquées comme c’est le cas dans maintes villes en France où parfois, les associations musulmanes sont amenées à batailler juridiquement pendant des années pour faire aboutir un projet quand d’autres sont “réduites” à construire leurs mosquées sur des terrains au fin fond de zones industrielles où le lieu de culte se confond avec un bâtiment de bureaux. L’invisibilisation des musulmans (individus et symboles religieux) est souvent une volonté des autorités locales y compris, malheureusement, dans les villes où les musulmans sont en nombre.

A Strasbourg, les mosquées sont parfaitement intégrées dans le paysage alsacien, visibles et dignes de ce nom. La grande mosquée Eyyûb Sultan en est l’exemple parfait. La mosquée sera construite dans une architecture ottomane et surmontée de deux minarets qui culmineront à 40 mètres de hauteur tandis que les bâtiments annexes seront dotés d’une architecture alsacienne avec des maisons à colombages typiques de la région.

La future grande Eyyûb Sultan de Strasbourg, en construction dans le quartier de la Meinau.

En plus des deux grandes mosquées, d’autres mosquées de quartier ont vu les jours ces dernières années. Dans le quartier de Hautepierre, la mosquée Arrahma pouvant accueillir plus de 1000 fidèles a été inaugurée en 2017 bien que son centre culturel n’est pas encore achevé. En mai 2019, c’est la mosquée de la Robertsau, située à 2 km du parlement européen, qui a inauguré son centre culturel quatre ans après l’ouverture de la partie cultuelle en 2015. D’autres quartiers sont dotées de mosquées comme la Montagne Verte où l’association musulmane bénéficie de la mise à disposition par la Ville d’un local qui est en phase avancée d’aménagement. Dans le quartier de Cronenbourg, une salle de prière a été aménagée, là aussi par la Ville.

UN QUARTIER, PLUSIEURS MOSQUÉES 

Parfois, un même quartier peut abriter deux voire plusieurs mosquées, et ce ne sont pas que des salles de prière ! C’est le cas dans le quartier de la Meinau, qui en plus de la mosquée Eyyûb Sultan, un autre projet est en cours. L’association Eveil Meinau travaille depuis plusieurs années sur le projet d’une mosquée à trois millions d’euros rue du Baggersee pour remplacer l’actuelle salle de prière, sous forme de préfabriqué mis à disposition par la municipalité depuis 2001. Après l’obtention du permis en 2018, l’association espère poser la première pierre cet été. Rappelons que la Ville avait voté une subvention de principe de 10% en 2015 pour ce projet.

Esquisse du projet de mosquée Eveil de la Meinau (Strasbourg).

Autre quartier à disposer de deux grands projets en cours : Koenigshoffen. Dans ce quartier situé à l’Ouest de la ville, le chantier du Centre Culturel et Cultuel Turc, débuté en mars 2018, avance à vitesse grand V. Le futur bâtiment qui s’étale sur 5700 m² comprendra en plus des salles de prière ; des salles de cours, une salle de conférence, une bibliothèque, un restaurant et plus encore. Le deuxième projet est porté par l’Association Mosquée de Koenigshoffen fruit de l’union de deux associations. En janvier 2021, l’AMK a pu finaliser l’achat d’un local (1,5 millions d’euros). L’étape suivante consiste en la mise en conformité du local avant de l’aménager en mosquée, centre culturel avec des salles de cours et également des commerces et une chambre funéraire afin de permettre à l’association de s’autofinancer.

Centre Culturel Turc de Strasbourg en construction.

DEUX GROUPES SCOLAIRES MUSULMANS

En plus des mosquées, Strasbourg est doté de deux groupes scolaires musulmans : Il y a le groupe scolaire Eyyûb Sultan. L’association mère gestionnaire Millî Görüş a d’abord ouvert le collège en 2014, puis une école élémentaire en 2019 et enfin le lycée en 2020. Le deuxième groupe scolaire est géré par l’autre organisation turque ; le DITIB. A l’entrée du quartier de Hautepierre, le groupe scolaire Yunus Emre hébergé au sein d’un grand campus de 30 000 m² comprend un lycée et une section collège. Un des objectifs du DITIB est d’y ériger à terme un vaste projet comprenant à la fois une structure d’enseignement de la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, avec un internat, un centre culturel et d’exposition, une bibliothèque, une salle multifonctionnelle, un restaurant pour les élèves et ouvert aux habitants du quartier et un espace de boutiques et d’artisanat, et une salle de prière.

Le lycée Yunus Emre de Strasbourg.

PREMIER CIMETIÈRE PUBLIC MUSULMAN DE FRANCE FINANCÉ PAR LA COLLECTIVITÉ

Cas unique en France. Depuis 2012, les musulmans de Strasbourg disposent de leur propre cimetière (situé dans le quartier de la Meinau) entièrement géré par la collectivité, et ce grâce au droit local en vigueur en Alsace-Moselle. En effet, l’article 15 du décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804), stipulant que «dans les communes où l’on professe plusieurs cultes, chaque culte a un lieu d’inhumation particulier», est également toujours applicable dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, et en Moselle.

Le cimetière musulman de Strasbourg couvrant une surface de 1 hectare (un millier de sépultures) est donc le fruit de cette exception.

Le premier cimetière musulman public de France a été crée à Strasbourg en 2012.

UNIVERSITÉ DE STRASBOURG : PREMIÈRE UNIVERSITÉ A PROPOSER UN MASTER FINANCE ISLAMIQUE MONDIALEMENT RÉPUTÉ

L’université de Strasbourg est la première en France à avoir proposé en 2009 un Master en Finance Islamique. Elle est depuis, devenue une référence internationale dans ce domaine. Des spécialistes du monde entier à cette finance alternative, adossée à l’économie réelle, qui prohibe l’intérêt et interdit la spéculation sont formés. D’autres formations en rapport avec l’islamologie et le dialogue interreligieux sont dispensées par cette université.

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