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Tariq ibn Ziyad, le libérateur

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Tariq ibn Ziyad

Peu d’hommes ont l’honneur de voir leur glorieuse mémoire se transmettre à la postérité à travers un nom de lieu – et encore moins celui d’un axe de communication si stratégique et fréquenté que ce carrefour millénaire entre l’Europe et l’Afrique, la Méditerranée et l’Atlantique, qu’est le détroit de Gibraltar : Jabal Tariq – “le Mont de Tariq”. Tariq ibn Ziyad, ce lieutenant berbère de l’armée omeyyade au service du général Musa ibn Nusayr, qui participa activement à la conquête de la péninsule ibérique, synonyme d’une véritable libération pour les opprimés du pays jadis soumis à la tyrannie des Wisigoths.(*)

En 707 (apr. J-C), il est nommé gouverneur de Tanger, ville la plus éloignée de Damas nécessitant un homme fort et charismatique à sa tête. Au fait des dissensions politiques en Espagne, Musa décide en 711 de lever une armée de 7000 soldats majoritairement berbères et fraîchement convertis (accompagnés par 30 arabes chargés de leur formation coranique). Il nomme Tariq à la tête de l’armée. Les musulmans sont aidés par le comte Julien, dirigeant de Ceuta, l’un des derniers bastions byzantins du Maghreb, qui offre ses navires aux musulmans.

Dans la nuit du 27 au 28 avril 711, Tariq accosta près du rocher qui porte aujourd’hui son nom. Après le débarquement, il aurait brûlé ses navires et tenu un discours, devenu célèbre, à ses soldats : « Ô gens, où est l’échappatoire ? La mer est derrière vous, et l’ennemi devant vous, et vous n’avez par Dieu que la sincérité et la patience […]». Très vite et avec le soutien d’une partie de la population, les musulmans parviennent à prendre Algesiras et Cadix avant de se diriger vers Séville. Les Wisigoths d’Espagne sont divisés, en conflit avec les francs du nord et maintenant les musulmans du sud. Qui plus est les sujets du royaume leurs sont hostiles et une épidémie de peste est en cours. Malgré cela, le roi Rodéric parvient à rassembler une armée de 40 000 à 100 000 hommes. Cet écart pousse Tariq à réclamer des renforts, Musa lui envoi donc 5000 hommes supplémentaires, ce qui porte l’armée musulmane à 12 000 hommes.

La bataille décisive eut lieu en juillet. L’armée chrétienne, lourde et peu unie, fit face à une armée musulmane, légère et unie ce qui permit de nombreuses attaques rapides, affaiblissant ainsi leurs ennemis. Au préalable, Tariq avait mené des négociations auprès de plusieurs nobles Wisigoths, ces derniers respectèrent leur engagement et abandonnèrent l’armée de Roderic dans la stupeur générale. Après sept jours de combats, la victoire fut musulmane.

Avec le soutien des locaux, les conquêtes musulmanes s’enchaînèrent jusqu’à la possession quasi totale de la péninsule en 714. Tariq et Musa furent rappelés en 715 par le calife Al-Walid afin de faire leurs rapports. Tariq ibn Ziyad décède quelques années plus tard.

“Si Tariq ne connaîtra pas le rude châtiment infligé à son ancien commandant en chef Musa, il avait bien plus donné à la cause de l’islam qu’il n’avait reçu en retour, et il aurait sans nul doute mérité un meilleur sort : destitué de ses commandements et de retour dans l’obscurité, il reviendrait bien dans la péninsule ibérique pour y finir paisiblement ses jours – mais il le ferait dans l’anonymat et ne réapparaîtrait jamais plus dans l’Histoire. Son héritage, immortel, était ailleurs : la magie d’al-Andalus, joyau de la civilisation islamique comme de l’humanité toute entière, qu’il avait rendue possible par ses faits d’armes et son abnégation et où, à travers les siècles, tant d’autochtones, irrésistiblement attirés par le monothéisme intransigeant et leurs conquérants, se fondraient aux côtés des nouveaux maîtres du pays dans une nation si particulière, bastion des arts, des lettres et des sciences, brillant foyer de civilisation et sublime pôle de raffinement admiré des auteurs de tous les âges et de toutes les contrées – le symbole de la lumière de l’islam au cœur des ténèbres de la chrétienneté médiévale.” (**)

Figures Islamiques

(*) MEYER, Issa. “Héros de l’Islam”. Éditions Ribât, page 137
(**) MEYER, Issa. “Héros de l’Islam”. Éditions Ribât, page 147-148

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