Histoire

Cordoue, cité des lettres et des sciences

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Appelée la cité des sciences, Cordoue était l’une des plus grandes villes du monde musulman au Moyen Âge (entre 150 000 et 400 000 habitants). Grand centre de science et de culture, la ville a joué un rôle-clé dans la Renaissance intellectuelle de l’Europe médiévale.

Tout commence après la conquête d’al Andalus et l’établissement du Califat dans la péninsule ibérique faisant de Cordoue sa capitale. Sous le règne de `Abd Ar-Rahmân Ier, le premier calife omeyyade d’al Andalus, Cordoue devint un foyer de savoir, de culture, d’art et de littérature, rayonnant sur toute l’Europe. Le calife, surnommé le “Faucon de Quraysh”, fit venir auprès de lui juristes, savants, philosophes et poètes. Sa capitale se développa ainsi à une vitesse fulgurante, devenant la plus grande ville européenne par sa population.

Sous le règne d’Al-Hakam Al-Mustansir, dit Al-Hakam II (961 – 976), les sciences et les arts atteignirent un haut degré de raffinement, le calife lui-même étant féru de livres, déboursant des fortunes pour importer sur son territoire les manuscrits les plus rares. Le souverain fit ainsi bâtir la grande bibliothèque de Cordoue, dans laquelle on pouvait consulter jusqu’à quatre cent mille volumes. L’enseignement connut également sous son règne une grande impulsion : l’apprentissage de la lecture et de l’écriture se diffusa à grande échelle parmi la population ; même les plus pauvres y avaient accès dans des écoles gratuites.

Le calife fonda en outre, au sein de la Grande Mosquée, l’Université de Cordoue, la plus célèbre des universités d’Europe à l’époque. Pour y exercer, il nommait les plus éminents professeurs dans leurs disciplines respectives. Les cercles d’enseignement occupaient plus de la moitié de la superficie de la mosquée. Les enseignants percevaient un salaire leur permettant de se dévouer à leurs élèves et à leurs recherches, tandis que les étudiants recevaient des primes et des bourses d’études pour les plus démunis. Le calife désigna son frère Al-Mundhir au poste de doyen de l’Université, et son autre frère `Abd Al-`Azîz au poste de directeur de la grande bibliothèque.

Cordoue donna ainsi au monde d’illustres savants, à l’instar des grands juristes Yûsuf Ibn `Abd Al-Barr et `Alî Ibn Hazm, du philosophe Muhammad Ibn Rushd (Averroès), du médecin Abû Al-Qâsim Az-Zahrâwî (Abulcasis), du géographe Muhammad Al-Idrîsî, du mathématicien Abou Al Kazim, du grand chirurgien Al-Zarqâlî, du mathématicien berbère Al-`Abbâs Ibn Firnâs premier homme à planer avec une aile qu’il avait fabriquée ou de l’exégète Muhammad Al-Qurtubî.

Pour décrire les mérites de la capitale andalouse, le juriste grenadin du XIème siècle `Abd Al-Haqq Ibn `Atiyyah, déclama les vers suivants que l’on retrouve d’ailleurs à l’entrée de l’actuelle Université de Cordoue :

Cordoue surpassa le monde par quatre éléments // son Pont sur le fleuve, ainsi que sa Mosquée

En voilà deux ! Le troisième est la Zahra // tandis que le quatrième et plus grand élément est le savoir !

Cordoue conserva ce statut de ville la plus développée d’al Andalus jusqu’à la chute du califat omeyyade en 1013, date à laquelle une révolte berbère éclata et s’acheva par le sac et la destruction de la ville notamment Madinat al-Zahra “la ville brillante”, une ville palatiale se trouvant à 8 km de Cordoue.

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