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De la peste au coronavirus

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De la peste au coronavirus

L’épidémie du covid-19 se propage à une vitesse fulgurante. Plus de la moitié de l’humanité vit désormais confinée. New-York, Rome, Paris, Madrid, … ces villes qui furent, il n’y a pas si longtemps de cela animées, sont aujourd’hui villes mortes : aéroports à l’arrêt, trains immobiles, frontières closes, rues et autoroutes désertes et silencieuses, commerces fermés. L’économie est en récession, des pays que l’on considérait autrefois comme des puissances font aujourd’hui appel à des médecins du tiers monde.

Le coronavirus sera-t-il la nouvelle peste du XXIe siècle ?

Tout au long de l’Histoire, des épidémies ont décimé des centaines de millions de personnes. La plus dévastatrice fût celle de la peste noire survenue au milieu du XIVe siècle en Asie, Afrique du Nord et en Europe. Plus d’un tiers de l’humanité était alors anéanti par cette maladie très contagieuse. Des villes entières virent leurs populations succomber.

Dans son célèbre ouvrage “al Muqaddima”, le grand historien Ibn Khaldoun décrit les ravages de cette épidémie (peste noire) qui arriva en Afrique du nord en 1348. Elle ravit d’ailleurs une partie de sa famille. Sa mère est la première touchée et elle meurt le corps couvert de pétéchies dans d’atroces douleurs. Après ce drame, Ibn Khaldoun s’enferme dans sa salle d’étude pendant plusieurs jours et refuse d’en sortir. Puis, au début de l’année 1349, son père décède à son tour dans les mêmes souffrances que sa femme.

«Une peste terrible vint fondre sur les peuples de l’Orient et de l’Occident ; elle maltraita cruellement les nations, emporta une grande partie de cette génération, entraîna et détruisit les plus beaux résultats de la civilisation. Elle se montra lorsque les empires étaient dans une époque de décadence et approchaient du terme de leur existence ; elle brisa leurs forces, amortit leur vigueur, affaiblit leur puissance, au point qu’ils étaient menacés d’une destruction complète. La culture des terres s’arrêta, faute d’hommes ; les villes furent dépeuplées, les édifices tombèrent en ruine, les chemins s’effacèrent, les monuments disparurent ; les maisons, les villages, restèrent sans habitants ; les nations et les tribus perdirent leurs forces, et tout le pays cultivé changea d’aspect.»

Ibn Khaldoun a également perdu d’autres membres de sa famille, la plupart de ses amis et certains de ses professeurs ; beaucoup d’intellectuels mérinides sont aussi morts. Parmi ces derniers figurent notamment Al Ansari, spécialiste des lectures du Coran, Al Hassayri, grammairien, Ibn Bahr, spécialiste en langue et littérature, Al Jayani, grand juriste, Al Najar, mathématicien, et d’autres médecins, philosophes, astronomes et astrologues. Son professeur Al-Abuli, qui réside dans la maison des Banu Khaldoun, est le seul à avoir survécu alors que les autres s’en vont à Fès qui est alors la capitale intellectuelle et culturelle du Maghreb. En outre, à la peste s’ajoute une famine désastreuse.

Bien avant celle du Moyen Age, la Peste d’Emmaüs ravagea le Sham (actuelles Syrie & Palestine)  vers l’an 639 (18 de l’Hégire) dans la ville d’Emmaüs Nicopolis en Palestine. La peste y apparaît peu de temps après sa conquête en 637 par les forces du Calife Omar Ibn al Khattâb (rad) qui y installent un camp militaire. Cette épidémie est restée célèbre dans les sources islamiques à cause de la mort de nombreux compagnons éminents du prophète Mohammed (Paix et Salut sur lui) dont Abu Ubayda ibn al-Djarrah, Muadh ibn Jabal, charhabil ibn Hassana et Yazid ben Abi Sufyan, frère du futur calife Muʿawiya. Le nombre total de morts est estimé à 25 000. Cet épisode fait partie d’une série de résurgences de la peste de Justinien, la pandémie majeure du VIe siècle, qui se sont étalées jusqu’au VIIIe siècle.

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