Histoire
Quand les Portugais voulaient profaner la tombe du Prophète ﷺ
Au 16ème siècle chrétien, les Portugais qui 100 ans plus tôt avaient lancé l’engouement pour les “Grandes Découvertes” qui allait mener à la colonisation européenne du monde, tentaient de s’implanter en Asie. Affrontant directement les Musulmans sur leur sol, ils menaient de frénétiques combats à la fois contre les Mamelouks (autour de l’Egypte), les Ottomans et les Safavides (Chiites duodécimains à l’origine de l’Iran moderne).
En 923 de l’hégire (1517), c’est en direction du centre du monde islamique qu’ils s’apprêtaient à porter les armes : La Mecque. Vasco de Gama avait déjà 20 ans plus tôt fait couler le sang de bien des pèlerins rencontrés dans l’océan indien quand Afonso de Albuquerque en faisait de même après lui en Mer Rouge ; Lopo Suares ira plus loin. S’en prenant un 18 avril 1517 à Jedda, ville côtière d’Arabie, le successeur d’Albuquerque avait eu la modeste ambition que de piller La Mecque et profaner la tombe du Prophète Muhammad ﷺ. Une tombe que l’on imaginait encore en Europe comme suspendue dans les airs au sein de la Ka’aba par un habile jeu d’aimant. L’idée était alors de recevoir en échange du corps du Messager défunt ﷺ la ville de Jérusalem, que les artisans de la Reconquista ne supportaient pas de voir à nouveau aux mains des “Mahométans” depuis plus de 3 siècles. Bombardant Jedda, les Portugais ne purent cependant aller plus loin. Repoussés par des vents forts et des Ottomans appelés au secour par des Mamelouks présidant encore l’Egypte et le Hijaz, les pilleurs durent rebrousser chemin. C’est d’ailleurs 3 mois après cet épisode que les Ottomans reçurent l’allégeance du chérif de La Mecque obtenant la protection des lieux saints de l’islam. C’est encore en cette même année que les Mamelouks durent plus loin plier genoux face à Selim 1er, sultan des Turcs, geste qui allait permettre aux Ottomans de devenir les nouveaux leaders du Dar al Islam. La flotte de Lopo Soares sera elle, définitivement détruite par les Ottomans 8 ans plus tard ; les Portugais n’auront au final vu de La Mecque pas un palmier ni même une pierre de la Ka’aba.