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Le prédicateur belgo-marocain Tarik Ibn Ali victime de torture dans une prison espagnole

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Le prédicateur belgo-marocain Tarik Ibn Ali victime de torture dans une prison espagnole

Le témoignage de sa femme est bouleversant. Dans un enregistrement audio diffusé sur la page Facebook du prédicateur rifain, l’épouse de ce dernier raconte comment son mari, détenu depuis près d’un an maintenant, a été torturé pendant cinq jours d’affilé au sein de la prison de Soto del Real située à proximité de Madrid. Oum Youssouf, maman de neuf enfants s’est exprimé d’abord en néerlandais puis en rifain.

Tarik Ibn Ali, de son vrai nom Tarik Chadlioui, avait été arrêté en juin 2017 à Birmingham où il résidait avant d’être extradé en Espagne où les autorités le soupçonnent d’avoir recruté pour l’organisation EI, s’appuyant sur des voyages effectués à Majorque entre 2012 et 2014. L’homme prend le soin de filmer chacun de ses déplacements et chacune de ses interventions, toutes en langue rifaine puis de les publier sur sa chaîne YouTube. En réalité, ce prédicateur est très populaire auprès de la diaspora rifaine d’Europe (Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Espagne). Mosquées, cafés, bars à chicha, restaurants, sorties de boîtes de nuit, salles de mariages, aéroport, rues, … Tarik Ibn Ali prêchait partout et sur tout le continent européen.

Le témoignage et l’appel à l’aide de son épouse ont suscité un élan de solidarité. En quelques heures jeudi soir, plus de 100 000 euros ont été collectés pour payer les frais de ses avocats et soutenir sa famille nombreuse.

Voici le témoignage de son épouse, traduit en français :

Comme vous pouvez le savoir, mon époux est emprisonné en Espagne depuis presque un an. Le 12 Mai 2018, je suis allée lui rendre visite en prison. J’ai passé 4h en sa compagnie et il a ainsi pu me raconter de façon détaillée les tortures dont il a été victime. La première chose que j’ai pu constater était l’état de ses mains et de ses pieds, pleins de coupures et de blessures. Il ne lui reste pas grand chose de sa barbe, la grande partie lui ayant été arrachée. Ses côtes sont cassées, il avait énormément de difficultés à se mouvoir et à marcher. J’étais si triste. J’ai eu énormément de mal à le voir dans cet état, le pauvre.

Il m’as raconté avoir été torturé les 14 et 15 Avril. Les choses avaient commencé 5 jours auparavant (le 9, 10, 11, 12, 13 Avril) quand on a tenté de le forcer à sortir dans la cour de la prison où l’attendaient 5 individus tenant des objets tranchants. Tarik a à chaque fois fait machine arrière, refusant de sortir de sa cellule par crainte d’être battu ou tué.

Le 14 Avril à 1h, constatant sûrement que leur plan ne fonctionnait pas, cinq individus masqués ont fait irruption dans sa cellule. Ils se sont mis à le battre jusqu’à ce qu’il tombe à terre inconscient. Ils l’ont menotté et emmené dans la cellule numéro 10, dédiée aux malades mentaux avant de l’attacher à un lit se trouvant à l’intérieur et à se mettre à le battre de nouveau. Un de ses bourreaux s’est mis à sauter sur son ventre et sa poitrine. Il recevait des coups de poings, des coups sur les mains et sur les pieds. Ses doigts étaient entièrement retournés. Ils tiraient sur sa barbe. Ils lui crachaient dessus en lui disant “toi tu dois mourir !”. Ils ont continué ainsi jusqu’à ce que Tarik ne manifeste plus aucune réaction. Ils l’ont alors abandonné là, seul dans cette cellule de 10h du matin jusqu’à 21h au soir. Ils sont revenus à la charge, l’ont de nouveau attaché avant de l’emmener dans une autre cellule où ne se trouvait qu’un matelas et un yaourt. Il n’a mangé qu’une seule cuillère avant d’être empêché par la douleur. Il s’est évanoui comme jamais il ne s’était évanoui auparavant dans sa vie avant d’être réveillé par de forts vomissements. Un vomi à l’odeur atroce rappelant celui des animaux. Il s’est alors déplacé à 4 pattes jusqu’à la salle de bain afin de s’en nettoyer et n’a trouvé que de l’eau froide pour se laver. Il est resté deux jours sans s’alimenter. Le lendemain, le 15 Avril 2018, ils l’ont torturés à nouveau. Une personne qu’il connaissait est passée par là, mon mari l’a appelé en disant : ” Hussein vient donc m’aider, viens me servir de traducteur !” mais ce dernier lui a dit qu’il ne pouvait pas, craignant lui-même pour sa propre vie.

Ses bourreaux sont revenus vers lui, lui demandant de faire passer ses mains par la petite fenêtre se trouvant sur la porte de la cellule afin qu’ils puissent le menotter et le faire sortir de la cellule. Tarik a obéi, ils l’ont bien menotté avant de se mettre à tirer de toutes leurs forces sur ses mains. Mon mari a hurlé de douleur et eux ont continué ainsi jusqu’à ce que le sang coule de ses mains. Après cela, ils sont entrés et l’ont emmené dans la première cellule de torture, cellule numéro 10. Ils l’ont de nouveau attaché au lit avant de se mettre à tous sauter sur son corps, lui tirant sur les doigts, lui arrachant la barbe. Ils ont joué avec lui comme s’il n’était qu’un jouet. Ils l’ont frappés de leurs poings et à l’aide de bâtons. Mon mari ne ressentait même plus la douleur à ce moment-là et se voyait mourir.

Suite à ça, une femme médecin est venue le consulter. Il a demandé à ce que Hussein, le fameux détenu à qui il avait demandé de l’aide vienne lui servir de traducteur. Elle lui a répondu : ” Qui est ce Hussein ? Est-il sous le lit ? Est-il en dessous de la table ? Est-ce ton Dieu ? Est-il ici avec nous dans cette pièce ?” Essayant de rendre Tarik complètement fou.

Après ces jours d’horreur, Tarik a pu rejoindre sa cellule attitrée. Il a retrouvé toutes ses affaires abîmées, ses livres et ses papiers personnels déchirés. Il a passé les dix jours qui ont suivis sans pouvoir bouger. Chaque partie de son corps le faisant affreusement souffrir. Il faisait les ablutions sèches et accomplissant la prière juste en clignant des yeux.

Son frère est allé jusqu’à la prison pour lui rendre visite mais n’a pu le voir car Tarik était dans l’impossibilité de se déplacer. Il est resté deux semaines sans m’appeler au téléphone, j’étais très inquiète, lui qui a habituellement droit à 8 appels de 5 minutes chacun par semaine. Ils veulent absolument lui faire avouer des faits qu’il n’a pas commis et lui faire signer des papiers allant dans ce sens. Il n’a cessé de réclamer un médecin. Ils l’ont transféré vers une nouvelle prison. Il a réitéré sa demande en disant qu’il avait des douleurs aux côtes comme si un couteau le poignardait de l’intérieur. Un médecin l’a vu mais n’a rien fait pour lui à part lui donner des comprimés anti-douleurs. Il a patienté avant de redemander la visite d’un nouveau médecin.

Le 14 Mai un autre médecin est venu le voir, constatant qu’il avait les côtes cassées mais n’a rien fait de plus que de lui redonner des calmants contre la douleur. Ils ne font absolument rien pour lui. Ils le laissent traîner dans cet état dans l’espoir qu’il s’aggrave et qu’il finisse par en mourir. Oui ! Voilà ce qu’ils souhaitent ! L’avocat a contacté la prison et a demander qu’on lui fasse parvenir le dossier médical de Tarik. Ils ont refusé ! Ils veulent d’abord que Tarik signe leurs papiers ! Pourtant c’est son droit à l’avocat d’avoir accès à ces informations je ne comprend pas.

Pourquoi on ne sait rien ? Ils veulent tout dissimuler. Mon mari a des marques sur tout le corps à cause de la torture, il est dans un état plus que critique. À chacun de ses appels, il nous fait ses adieux et demande à ce que nous allions le voir, de peur de ne pas rester en vie encore longtemps. Nos enfants n’ont plus l’envie d’étudier, ils ne travaillent désormais plus bien à l’école. Ils ont des troubles du sommeil, ont du mal à dormir et s’endorment souvent en pleurant.

Mon époux est de nationalité belge, où sont ses droits aujourd’hui ? Nous avons téléphoné et même envoyé un courrier au consulat belge, ils nous ont répondu qu’il fallait que Tarik écrive une lettre. Comment pourrait-il le faire alors même qu’il est privé de ses droits et qu’il ne parle pas la langue du pays où il est détenu. On refuse de lui apporter un traducteur. Comment pourrait-il faire alors qu’il est allongé sur son lit sans pouvoir bouger, attendons-nous qu’il meurt ?

Je demande à la Belgique de venir en aide à mon mari comme lui l’a fait. En 2004, il avait été appelé par la police belge lui demandant de venir calmer les jeunes furieux suite aux caricatures à l’encontre de notre Prophète Muhammad (sws) au Danemark Il s’était rendu sur place et avait réussi à calmer les jeunes qui étaient rentrés chez eux. Il avait suite à cela, reçu les remerciements des autorités pour sa contribution. Aujourd’hui c’est à son tour d’appeler à l’aide.

Pour ma part, je demande à ce que l’Espagne juge mon mari en toute justice et tout en respectant les droits de l’homme. Tout le monde sait que Tarik est innocent, que ça fait 1 an maintenant qu’il est détenu injustement.

Je m’adresse à tous, musulmans et non-musulmans, je veux que l’Espagne me rende mon mari, le père de mes enfants. J’interroge la Belgique : Où sont nos droits ? Je suis seule avec 8 enfants à charge. Je n’ai plus droit aux allocations familiales, celles-ci ayant été coupées 1 mois après l’arrestation de mon époux. Je vis quasiment sans aucun revenu. Tout devient difficile pour nous, je suis dans l’incompréhension. J’ai été au service social, je cours après mes droits. J’ai fait appel à un avocat et je suis actuellement dans l’attente. Je me demande ce qu’ont pu faire les enfants, eux, pour qu’on leur fasse subir tout cela. Cela ne devrait pas exister dans un pays comme la Belgique.

Je remercie tout le monde pour leur temps et leur inquiétude à notre égard.

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