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Ouzbékistan : retour sur le massacre d’Andijan du 13 Mai 2005

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En mai 2005, il y a exactement 13 ans, à Andijan, dans l’est de l’Ouzbékistan, 23 entrepreneurs locaux accusés d’être des “extrémistes islamistes” comparaissaient devant la justice. Des manifestants pacifiques se rassemblent alors devant le tribunal pendant la durée du procès, pour exiger leur libération.

Le lendemain des milliers d’habitants, parmi lesquels un grand nombre de femmes et d’enfants, ont commencé à se rassembler sur la place Babour, pour demander qu’il soit mis fin à la corruption et aux injustices – des rumeurs circulaient selon lesquelles le président ouzbèke, un dictateur qui règne sur le pays depuis 1991, Islam Karimov, se rendait à Andijan pour prendre en compte leurs préoccupations.

Le président Karimov n’y est pas allé, mais y envoie son armée et ses paras, qui encerclent la place et tirent sans discernement sur les manifestants. Des témoins ont indiqué que les forces de sécurité avaient abattu les manifestants de façon méthodique, en poursuivant tous ceux qui tentaient de s’échapper.

En juin 2007, après une longue enquête, “Human Rights Watch” dépose un rapport qui donne la parole à plusieurs témoins : “Il y avait des véhicules blindés, et des troupes sur la route. Ils tiraient aussi depuis les immeubles. (…) Les balles étaient vraiment grosses, elles pouvaient traverser plusieurs personnes” raconte un témoin. “On ne pouvait pas relever la tête, il pleuvait des balles” , dit-il. Un autre témoin raconte son arrivée le lendemain sur les lieux : “Il n’y avait plus de corps. J’ai seulement vu des restes de sang, de viscères et de cervelle. A certains endroits, il y avait jusqu’à 1,5 cm d’épaisseur de sang séché sur l’asphalte”, dit-il, en évoquant aussi les chaussures d’enfants retrouvés dans la rue. Selon HRW, les troupes ouzbèkes ont bouclé la ville à l’exception d’une rue. Et elles y attendaient les manifestants qui tentaient fuir les balles. Un premier groupe de 300 personnes a ainsi été presque intégralement liquidé.

Le bilan du massacre fait état de 1 500 morts, les corps ayant été ensevelis dans des fosses communes. Ce massacre n’est ni le premier ni le dernier de la dictature ouzbèke, soutenue par les États-Unis et la Russie, les pays occidentaux qui n’ont pas diligenté la moindre enquête pour condamner cette terrible répression d’une manifestation pacifique.

Une complicité avec les dictateurs sanguinaire qui s’illustrera également en 2013 en Égypte, lors du massacre de masse des manifestants de la Place Rabia, après le coup d’État de AbdelFatah Sissi.

Al-Thawra news

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