Histoire

Boukhara, cité d’islam

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Située sur la route de la soie en Ouzbékistan, Boukhara est avec ses plus de 2 000 ans l’une des plus vieilles cités du monde. Carrefour commercial sous les perses, elle devient au après conquête par les musulmans l’une des cités les plus reconnues de la civilisation islamique.

Avant que la ville ne s’islamise, Boukhara est d’abord prise par Ubayd Allah ibn Ziyad, gouverneur du Khorasan (vaste région d’Asie centrale) qui un peu plus de 50 ans après le début de l’Hégire (sous le règne de Mu’awiya) soumet la cité la laissant à son chef contre capitation. Mais le pouvoir califale ne se consolide sur Boukhara que sous al Walid ibn Abd al Malik devenu calife en 86 de l’Hégire (705). À ce moment, le fameux gouverneur de l’Iraq, al Hajjaj ibn Yusuf, place à la tête du Khorasan Qutayba ibn Muslim, à qui il est ordonné de reprendre Boukhara à son gouverneur. C’est chose faite en 91H (710). Boukhara tombée, l’autorité ommeyade y place un nommé Tougchada, un local qui se fera plus tard musulman. Qutayba y fait bâtir une première mosquée. Des premiers locaux se convertissent, l’islam se fait sa place.

De 261H à 389H (875-999), la ville devient la capitale de la dynastie persane vassale des Abbassides : les Samanides. La ville se développe sur tous les plans avant d’être prise par les Karakhanides, peuple turc et musulman (lointains cousins des Ouighours) détenteur d’un vaste royaume s’étendant là jusqu’à la Mongolie. Le Dar al Islam en plein trouble, la ville tombe en 635H (1238) dans les mains du conquérant du moment : Gengis Khan. Si l’homme y fait raser la ville et tuer ses gens, quelques édifices résistent à sa fougue, dont le minaret de Kalian. Subjugué par le bâtiment, il n’en touchera pas une brique. Descendant de Gengis Khan, Tamerlan fait plus tard rattacher la cité à son empire. Les Timourides suivants (l’astronome Ulugh Bek en sera l’un des plus fameux émirs) délaissent cependant la ville au profit de Samarkand. En 912H (1506), la dynastie des Chaybanides reprend Boukhara. Moins d’un siècle après, elle redevient un centre politique fort en étant la capitale du Khanat de Boukhara. Ce dernier va durer jusqu’en 1338H (1920), passant un temps sous tutelle perse. Cependant, la ville va peu à peu descendre du pied d’estale qui fut le sien, elle passe même sous protectorat russe en 1285H (1868) avant d’être finalement conquise par l’Armée rouge en 1338H (1920).

Au-delà de son prestige politique et de son activité économique longtemps florissante, Boukhara sera la cité de bien des hommes de sciences au cours de ses beaux siècles. Entre autres citons l’imam Ishaq ibn Rahawih et le poète Rudaki. Ibn Sina (Avicenne) ainsi qu’al Biruni naîtront pas loin et y vivront. Le premier est entre autre connu pour son Canon de la médecine, étudié alors dans les principales universités européennes ; al Biruni sera lui l’un des encyclopédistes majeurs du Moyen âge, excellant tant en physique qu’en pharmacopée. Mais le plus emblématique des doctes de Boukhara restera bien l’imam al Bukhari qui réalisera le recueil de hadiths le plus reconnu de l’Histoire.

Ce qui fait aussi la renommée de Boukhara, ce sont ses innombrables édifices. On en compte plus de 140 (les autres détruits lors de combats). Sous les Karakhanides fut entre autre édifié le minaret de Kalian cité plus haut, haut de 48 mètres et large de 9 mètres au sol, ayant longtemps servi tant à faire l’adhan qu’à y jeter de son sommet certains condamnés. Est au 12ème siècle chrétien aussi bâtie la mosquée Magoki Attari. Faites sur un ancien temple idolâtre, elle est aujourd’hui la plus ancienne mosquée d’Asie centrale encore debout. Aux Chaybanides on doit les ensembles de Poi-Kalyan et de Lyabi-Khauz, les madrasa Kosh et Gaukushon ; ou encore Taki Sarafon (la Coupole des changeurs) et Taki-Tilpak-Furushan (la Coupole des chapeliers). Il y a 4 siècles sort aussi de terre l’imposante madrasa Abdulazziz-Khan, l’un des plus majestueux bâtiment d’Asie centrale.

Les autres cités arabo-musulmanes que furent Bagdad, Courdoue, Kairouan ou Damas lui ayant fait beaucoup d’ombre, elle n’est souvent que peu mentionnée. Elle n’en est pourtant pas moins l’un des carrefours majeurs de la civilisation islamique comme l’une des plus belles villes du monde.

Sarrazins

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