Chroniques

Ils s’attaquent à nos valeurs

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En Occident, à chaque attentat “islamiste”, les faiseurs d’opinion assènent la même réthorique aux foules : les terroristes agissent ainsi par détestation de “nos valeurs”, us et habitudes. Que des gens puissent apprécier un café en terrasse, se rendre à des concerts, les barbus en armes l’aurait en horreur et seraient pour cela prêt à tuer. Plus encore, c’est le modèle démocratique et libertaire qui serait visé. En éternels nombrilistes, les observateurs occidentalo-centrés en oublient presque que les dits attentats touchent aussi des gens aux antipodes de leurs personnes. Et donc aux modes de vie bien différents.

Lorsque l’Arabie saoudite est visée, des “groupuscules islamistes” là, des chiites ici, des sunnites là-bas, est-ce par défaut de valeurs et façon de vivre ? Quand dans la chaleur du Sahel, militaires et membres des gouvernements locaux sont visés, est-ce par anti-démocratisme et dégoût des plaisirs mondains ? Si tel était le cas, pourquoi dans ce cas certains pays, ô comment plus “dépravés” que la France ou les Etats-Unis, sont encore et toujours à l’abri des “fous d’Allah” ? Les brésiliens, néo-zélandais, ou vietnamiens semblent par exemple bien loin de tous ces soucis…

Sans chercher à excuser qui que ce soit, penser que les terroristes n’attaquent que par haine de l’altérité est d’une maladresse incroyable. Déjà car cela ne se vérifie pas dans les faits, mais surtout parce qu’ils le disent eux-mêmes : ils ne répondent qu’aux attaques dont ils sont la cible. Les communicants des diverses organisations terroristes sont très explicites en leurs documents envoyés ici et là – mais que personne ne diffuse (pourquoi ?) – ce n’est qu’en réponse aux bombardements et aux invasions subies qu’ils disent user de l’attentat.

Mais au-delà de savoir qui a commencé, qui seulement s’aventure à en venir à une telle réflexion ? Peu ou personne. Chercher raisons et explications relève pour beaucoup d’un presque délit. Ce serait excuser le meurtre d’innocents, donner raison à la barbarie. Bombardons! Posons des questions après. Le président Macron avait pourtant à plusieurs reprises affirmer que militairement intervenir n’était pas une solution à long terme, tout en prenant conscience da la responsabilité de la République et de la société en générale. D’autres experts, des vrais, donc moins porteurs d’intérêts pour les plateaux télé, en sont venus aux mêmes conclusions : plus l’Occident se fera le gendarme du monde, pillonant terres et peuples, maintenant des pouvoirs despotiques où on ne les veut plus, plus le terrorisme trouvera terreau favorable.

Comme l’explicitait un excellent article publié tantôt : (Comprenons bien que (…) l’OEI se moque bien de la démocratie, des libertés, des terrasses de bistrot ou de la tenue de concerts de pop stars (…) de ce que «sont» les Occidentaux. Mais pas de ce qu’ils «font» au Proche-Orient, des milliers de tonnes de bombes qu’ils y déversent, de leur soutien à des régimes qui le combattent ainsi qu’à toute forme d’opposition, même pacifique).

Mais ceci, nos instances gouvernementales, en dépit de leurs discours de façade, le savent très bien. Ainsi, pourquoi continuent-t-ils donc une entreprise qu’ils savent vouer à l’échec et entretenant ce constant climat de tensions et de guerres ?

Sarrazins

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