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Marseille – Mais où est passée la grande mosquée ?

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Pas de réunion publique, pas de conférence, pas de communiqué. Rien. La grande mosquée de Marseille, qui intéresse pourtant près de 200 000 musulmans, n’a pas été invitée aux municipales. Le maire n’en parle pas. Et pour Patrick Mennucci, l’opposant PS, l’affaire est simple : “C’est un débat qui n’a pas lieu d’être dans une élection. Je dirais simplement que j’y suis favorable mais c’est un projet privé et je crois savoir que les constructeurs n’ont pas encore trouvé l’argent.”

Seul Stéphane Ravier, candidat FN, s’étend sur le sujet, lâchant notamment : “Il y a un financement public à peine déguisé. Le loyer réclamé par la Ville pour le terrain est trop bas. Puis, les pays qui pourraient financer leprojet ne sont pas très démocratiques. J’y suis tout à fait hostile et les Marseillais également.” La passion est tombée autour du projet. Pourquoi ? D’abord parce qu’il est mort-né.

Ensuite parce que, dans une ville qui pourrait encore battre des records en termes de vote frontiste, parler de la grande mosquée c’est se brûler les doigts. D’où peut-être le silence de Jean-Claude Gaudin. Pourtant c’est bien lui qui a failli donner vie à ce projet, après avoir cédé un terrain et accordé un bail emphytéotique.

Un non religieux qui semble faire l’unanimité

Alors comment expliquer cet échec ? Dans ce dossier dont on parlait déjà sous Gaston Defferre, tout bascule en 2010. Au mois de mai, élus et dignitaires religieux se pressent sur le site choisi, les anciens abattoirs de Saint-Louis (15e), pour une grande cérémonie : la pose symbolique de la première pierre. À cette époque, le projet est porté, avec la bénédiction du maire, par Nourredine Cheikh, président de l’association “La mosquée de Marseille.” Un non religieux qui semble faire l’unanimité. D’ailleurs, l’ambassadeur d’Algérie, présent sur place, se montre très favorable au projet. On raconte même, en coulisse, que l’Algérie va “lancer la machine” en offrant 7 M€ sur les 22 M€ nécessaires. Les autres pays suivront.

Mais pour d’autres membres de l’association, notamment l’imam Ghoul et l’élue socialiste Fatima Orsatelli (proche de Michel Vauzelle), la gestion de Cheikh manque de transparence. Et ce dernier n’est que “la marionnette” du maire. Les opposants vont alors faire campagne contre Cheikh et au cours de l’élection pour la présidence de l’association, quelques jours plus tard, Ghoul détrône Cheikh. L’association a écarté “l’homme du maire” mais elle s’est fait hara-kiri. Car l’Algérie va se retirer, marquant sa défiance envers l’imam Ghoul, accusé de n’avoir jamais été… transparent. Et d’être trop proche du Maroc, l’ennemi historique.

Plus question donc de verser le moindre euro. L’imam Ghoul aurait alors pu gagner la partie en trouvant de l’argent ailleurs, auprès d’autres pays musulmans ou chez des investisseurs privés. Mais pas de don et… un loyer mensuel à verser (2 500€). Pour noircir un peu plus le tableau, la brigade financière mettra le nez dans les comptes de l’association “La Grande mosquée”. Laquelle aurait dû être achevée… en 2012 pour accueillir près de 5 000 fidèles chaque vendredi. Jean-Claude Gaudin n’aura donc pas réussi à bâtir la grande vitrine de l’islam à Marseille. Mais la communauté musulmane peut-elle lui en faire le reproche ?

Source : laprovence.com

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