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Abdullah Quilliam, le premier Britannique musulman

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S’il est un exemple que les musulmans d’Europe devraient méditer, c’est peut-être celui de William Henry ‘Abdullah’ Quilliam, le premier converti britannique et un homme à l’action sans relâche en faveur de l’islâm.

Célèbre et talentueux avocat pénaliste de Liverpool, il se convertit à l’islâm en 1887, à 31 ans, après un séjour au Maroc. Dès son retour en Angleterre, il n’a plus qu’une seule idée en tête : propager sa nouvelle religion parmi son peuple. Ainsi, en 1889, il fonde l’Institut islamique de Liverpool, qui inclut la première mosquée active du Royaume-Uni, mais aussi un internat pour les garçons, une école de jour pour les filles, des laboratoires, un musée, une bibliothèque et un orphelinat, la ‘Medina House’, où les parents non-musulmans laissaient leurs enfants illégitimes en acceptant qu’ils soient élevés dans l’islâm.

Mais ce n’est pas tout : Quilliam publie un ouvrage, ‘The faith of islâm’, qui sera plusieurs fois réédité, diffusé à des milliers d’exemplaires et même lu par la Reine Victoria, mais également un hebdomadaire islamique, ‘The crescent’ (‘Le croissant’). Quilliam n’est pas vraiment le prototype du “musulman discret” : dès 1890, il organise des manifestations contre une pièce de théâtre insultant le Prophète ﷺ‬ et proclame dans ses écrits sa volonté d’islamiser tout Liverpool, alors la deuxième plus grande ville de tout l’empire. Personnage excentrique et charismatique, il détonne dans l’Angleterre victorienne : il n’est pas rare de le voir déambuler dans les rues de Liverpool en fez et en tenue d’apparat ottomane, juché sur son cheval blanc, toujours accompagné de son ouistiti adopté en Afrique.

À l’inverse d’autres convertis moins “visibles”, ce dandy prosélyte provoque, passionne, défie l’ordre établi. Les débats hebdomadaires qu’il organise autour de l’islâm lui amènent vite des problèmes : expulsé de sa maison par son propriétaire, menacé d’être brûlé vif par un groupe chrétien, insulté et raillé par la presse, il est régulièrement ciblé par des groupes de manifestants qui l’attendent à la sortie de sa mosquée pour lui lancer cailloux, légumes ou boue. Néanmoins, bientôt, la petite communauté musulmane qu’il dirige compte environ 600 personnes, essentiellement des convertis – universitaires, professeurs, scientifiques, maires et même un ancien pasteur méthodiste – et se fait des amis puissants dans le monde.

Son activisme sans égal lui vaut ainsi d’être nommé ‘sheykh al-islâm dans les Îles Britanniques’ par le sultan ottoman Abdülhamid II et représentant des musulmans britanniques par l’émir d’Afghanistan, et d’être invité à l’inauguration de la mosquée Shitta Bey de Lagos, au Nigéria. Cette ouverture vers la Ummah aiguise encore les idées de Quilliam : désormais partisan d’un “califat mondial”, il dénonce le “terrorisme chrétien” et les aventures coloniales britanniques, au Soudan notamment, et affirme qu’aucun musulman ne devrait combattre ses frères pour le compte d’une puissance chrétienne. Les diatribes de Quilliam, notamment en faveur des Ottomans contre les pro-Arméniens, ne sont pas du goût de tous, dans un contexte pré-Première Guerre Mondiale : en 1908, il est contraint de s’exiler en terre d’islâm.

Considéré comme un traître pour ses liens avec l’Empire ottoman, c’est sous une fausse identité qu’il rentrera en Angleterre, se retirant sur la paisible île de Man où il passera ses dernières années avant de rendre l’âme en 1932. À l’heure où les débats sur le sujet agitent notre communauté, l’exemple d’Abdullah Quilliam nous rappelle ce que doivent être les priorités d’un musulman vivant en Occident : la propagation de l’islâm et la défense des musulmans opprimés à travers le monde.

Ribât

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