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L’Islam et ses femmes savantes

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Si le monde musulman eu ses hommes de science, ayant à jamais marqué les esprits de par leur finesse et profondeur d’esprit ; il compte aussi bien des femmes.

L’entourage du dernier des Prophètes d’Allah ﷺ fut en ce sens déjà un exemple en la matière. Les femmes y étaient nombreuses, et toutes aussi assidues à ses appels que l’étaient ses compagnons et futurs califes. Parmi elles : ses épouses. Dévotes accomplies, elles étaient, de son vivant et après, régulièrement consultées. On doit ainsi et rien qu’à Aïcha, épouse la plus proche du Prophète ﷺ, la transmission de plus de 2200 hadiths. Les recueils de hadiths n’auraient déjà sans elles pas été ceux que nous connaissons. Plus encore, de nombreux doctes reconnus par l’orthodoxie musulmane eurent en professeurs des femmes.

Fatima, fille de Hussayn ibn Ali, fut par exemple prise par Ibn Ishaq et Ibn Hicham en référence dans la rédaction de leurs livres biographiques. Nafissa bint Al Hassan, formée par l’imam Malik, fut elle souvent concertée par l’imam Shafei en son cercle académique établi en Egypte. Il présidait parfois la prière en sa mosquée. Ancienne esclave devenue célèbre juriste de Médine, Abida al Madaniyya sera en partant en Andalousie l’une des figures majeures du développement de l’école de l’imam Malik en Espagne. À Jérusalem, les savants pouvaient aussi bénéficier des cours donnés par Oum Darda, célèbre savante du 2ème siècle de l’hégire. Le Calife de Damas lui-même, Abdelmalik Ibn Marwan, s’y rendait. Citons à la même époque Hafsa bint Sirin al Ansariyya, Zaynab bint Soleiman (fille du gouverneur de Basra) ou Amra bint Abd ar Rahman, toutes trois parmi les savantes les plus renommées des 1ers siècles islamiques.

Plus tard, nous avons Karima bint Ahmed, fameuse commentatrice du Sahih de l’imam al Boukhari. À Damas et au 8ème siècle de l’hégire, l’imam ibn Taymiyya prenait entre autres cours chez Zaynab bint Makki ibn Ali. À Damas encore, c’est auprès de Zaynab bint Omar al Dimashqiyya que le savant du hadith Youssef al Mizzi fit ses classes. L’une des plus grandes doctes de son temps : Chahda bint al Abari. Entre autres élèves : ibn al Jawzy et ibn Qudama al Maqdissi. Ibn Hajar al Asqalani eut encore Aicha al Hanabila et Fatima bint al Manja Tanukhiyya en enseignantes. L’exégète et savant as Suyuti signale aussi avoir appris la jurisprudence auprès d’Hajar bint Mohammed.

Les autres disciplines n’étaient pas en reste. La grammaire connue Aïcha de Damas, la médecine : Bint Al-Sayigh, professeur à l’Institut Mansouria d’Egypte. L’historien ibn Assakir compte parmi ses enseignants aussi plus de 80 femmes. C’est d’ailleurs d’une femme, Zaynab bint Abd ar Rahman, qu’il obtiendra sa “ijaza” pour le Muwatta de l’imam Malik. Dans son ouvrage, “Al-Moajab fi talkhis akhbar al-Maghrib” l’historien Al-Mourrakouchi mentionne aussi 170 femmes calligraphes, et seulement à Courdoue. Toutes les énumérer serait difficile quand on sait que pour le seul 9ème siècle de l’Hégire, l’historien Al-Sakhawy en recensait plus de 1000 dans “Le rayon doré de l’élite du 9ème siècle”. Ibn Hajjar rédigea lui la biographie de 170 d’entre elles un siècle plus tôt.

Être femme, musulmane et savante était ainsi et longtemps durant très courant. Apprendre auprès d’elles aussi. Ce n’est qu’à partir du 10ème siècle de l’hégire, moment de l’éclosion de l’Empire ottoman et de la montée en puissance de l’Europe, que la tendance va reculer dans l’ensemble du monde musulman jusqu’à presque disparaître. Une situation qui aujourd’hui s’inverse ? La fréquentation féminine et musulmane à la hausse des universités, tant islamiques que profanes, semble plutôt l’indiquer.

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"Sarrazins" est un webzine indépendant, crée en 2016, qui a pour vocation d’apporter un regard musulman sur l’actualité

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