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Salahuddin al-Ayyubi, libérateur de Jérusalem

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Salahuddin al Ayyubi libérateur de Jérusalem

«Pour cette guerre (le jihad), Salahuddin était supérieurement assidu et zélé… La guerre sainte et la passion qu’il y portait avaient une emprise incroyable sur son cœur et son corps; il ne parlait pas d’autre sujet, ne songeait qu’à ses préparatifs. Il ne s’occupait que de ceux qui y combattaient, n’avait de sympathie que pour ceux qui en parlaient ou exhortaient à y participer. Par amour pour le jihad sur le sentier d’Allah, il quitta sa famille et ses enfants, sa patrie, sa maison et son pays; il ne désira au monde qu’habiter à l’ombre de sa tente.» – Baha ad-din ibn Shaddad (biographe de Salahuddin)

«Après les grandes conquêtes des premiers siècles de l’islam, la civilisation musulmane est entrée dans une période de division et de décadence symbolisée par la prise d’al-Quds par les croisés en 1099. Mais comme le rappelle Allah, et il s’agit là d’une leçon pour les musulmans de notre époque, « Nous faisons succéder la nuit au jour, et le jour à la nuit… » (Qur’an, 24/4) L’aube, en l’occurence, c’est l’épopée d’une des plus légendaires figures de l’islam : Salahuddine al-Ayyoubi, archétype du « chevalier de l’islam », libérateur d’al-Quds et des terres de Palestine ! Une oeuvre qui lui prendra près de 20 ans et qui s’achèvera au mois de Ramadan de l’an 584 de l’Hégire dans les collines de Safed…

«Né dans une tribu kurde partiellement arabisée des environs de Tikrit, il entre, comme son père, au service de l’émir zengide Nur ad-Din et connaît vite une ascension politique fulgurante : nommé vizir par le calife fatimide al-Adid au Caire à 29 ans (en 1169), il défend avec succès l’Egypte des invasions franques et byzantines tout en imposant progressivement un pouvoir sans partage, dans le but, toujours sous-jacent, de la reconquête d’al-Quds à travers l’unité de la Oumma. Il fortifie et embellit le Caire, abolit le califat chiite fatimide, fait sa bay’a au calife abbasside de Bagdad, conquiert le Yémen comme base arrière, élimine les traîtres en écrasant plusieurs révoltes chiites financées par les Francs.

«Cinq ans plus tard, en 1174, le vent tourne en sa faveur : son suzerain de Mossoul, le fameux Nur ad-Din, et le roi croisé de Jérusalem Amaury 1er décèdent tour à tour, ne laissant chacun qu’un fils mineur. Le fruit est mûr pour le projet de toujours de Salahuddine : l’unification du Sham et de l’Egypte sous une même autorité et la reprise du jihad contre les Francs…

«Rapidement, les lieutenants de Nur ad-Din se déchirent : Salahuddine en profite pour prendre Damas, où il est accueilli par une foule en liesse, et imposer son protectorat sur Alep, échappant au passage à plusieurs tentatives d’assassinat de la secte ismaélienne, les fameux Assassins. Les roitelets de Syrie survivants, conscients du danger pour leurs trônes et de la popularité du nouveau champion du jihad, s’allient aux Francs pour prendre les troupes Salahuddine à revers : c’est le début d’une lutte à mort qui durera 8 ans, pour s’achever en 1183 par l’unification du Sham sous son autorité unique et même la mise de Mossoul sous protectorat.

«Simultanément à ces opérations de pacification, Salahuddine ne ménage pas ses efforts dans la lutte contre les croisés : il subit une sévère défaite en 1177 suite à un excès de confiance de ses lieutenants, prend sa revanche à Mar Ayoun en 1179 puis signe une trêve. Au printemps 1182, coup de théâtre : le seigneur brigand Renaud de Châtillon viole la trêve et capture 15.000 pèlerins en route pour le hajj, puis tente une expédition pour prendre et détruire la Mecque mais sa flotte est détruite par le frère de Salahudddine en 1183 : la haine est alors à son paroxysme entre l’émir des musulmans et le traître croisé.

«Malgré tout, le roi Baudouin de Jérusalem, un homme sage, parvient à tenir habilement Salahuddin à distance jusqu’à sa mort en 1185 : son beau-frère Guy de Lusignan, qui lui succède, est beaucoup moins prudent et laisse Renaud de Châtillon rompre à nouveau la trêve en pillant une caravane où se trouvait la soeur de Salahuddin, insultant le Prophète et faisant torturer et exécuter tous les captifs. Fou de rage à l’annonce de la nouvelle, Salahuddin fait le serment d’exécuter personnellement Renaud et de reprendre al-Quds.

«L’émir souhaite en finir : il lance un appel au jihad au printemps 1187 et regroupe une immense armée à Damas. Le 4 juillet de la même année, il anéantit l’armée croisée à la légendaire bataille de Hattin : assoiffés et totalement encerclés après une marche épuisante dans le désert, les hommes de Guy de Lusignan et de Raymond III de Tripoli, la noblesse comprise, sont presque tous tués au combat ou capturés.

«Salahuddin honore son serment en décapitant le traître Renaud de Châtillon de ses propres mains, épargnant toutefois le roi Guy, affirmant qu’il ne convient pas à un roi de tuer un autre roi. Son secrétaire particulier, Imad ad-Din, nous raconte la scène : « Salahuddine ordonna qu’ils (les Templiers, coupables de nombreux crimes à l’égard des musulmans) soient décapités, choisissant de les voir morts plutôt qu’emprisonnés. Un cortège d’érudits islamiques et de soufis et un certain nombre d’hommes dévots et ascétiques l’accompagnaient : chacun d’entre eux sollicitait d’être autorisé à participer à l’exécution, tirait son sabre et remontait ses manches. Salahuddine, le visage gai, siégeait sur son estrade; les infidèles affichaient un noir désespoir. »

«La route d’al-Quds est désormais libre : cependant, pour éviter d’être pris à revers par des renforts d’Europe, Salahuddine prend tous les ports du royaume au cours de l’été; seul Tyr lui résiste. Ses arrières assurés, il met le siège devant Jérusalem le 20 septembre 1187. Balian d’Ibelin, seul noble du royaume survivant, résiste et affirme même préférer raser la cité que la rendre. Il rend finalement les armes le 2 octobre contre l’assurance de la vie sauve pour les habitants (contre une rançon) : par ce geste, Salahuddin, qui permet aux chrétiens de quitter les villes et de regagner les terres chrétiennes sains et saufs avec une partie de leurs biens, construit sa légende de « chevalier de l’islam ». Il rend l’église du Temple à l’islam (la mosquée al-Aqsa) mais laisse le Sépulcre aux chrétiens et rend aux Juifs leurs synagogues. En Orient comme en Occident, il sera désormais connu pour sa bonté et sa miséricorde.

«Al-Quds enfin reprise après 88 ans d’occupation croisée, Salahuddine s’attaque aux derniers bastions chrétiens : il poursuit la conquête du comté de Tripoli et de la principauté d’Antioche l’année suivante. Enfin, au mois de ramadan de l’an 584 (1188), il prend la forteresse templière de Safed, aux portes des collines du Golan… La reconquête de la Palestine est achevée !

«Le seul et unique objectif de sa vie enfin atteint après près de vingt ans de lutte, Salahuddin rendra l’âme à Damas le 4 mars 1193, non sans avoir donné l’intégralité de sa fortune aux plus pauvres de ses sujets…

Ribât

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