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Le chat, cet animal privilégié des musulmans

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Alors que les prétendues associations de défense des animaux et autres officines identitaires s’emparent du sacrifice de l’Aïd pour fustiger la soi-disant “barbarie” de l’islâm à ce sujet, revenons sur un animal qui a toujours eu une place privilégiée en terre d’islâm autant que dans le cœur du Prophète ﷺ‬ et des musulmans : le chat.

Lorsqu’il s’installe au Caire dans les années 1830, l’orientaliste britannique E. W. Lane est ainsi étonné de découvrir, chaque après-midi, un grand nombre de chats se rassemblant dans la Haute Cour de Justice, où les gens leur apportent des corbeilles remplies de nourriture. On lui explique que la tradition remonte au sultan mamelouk Baybars, héros d’Ayn Jalut et accessoirement grand amoureux des félins, qui avait fondé à cet endroit un jardin pour chats. À travers les siècles, les sultans passent, les dynasties aussi, mais le rituel ne change pas, et chaque qadi mettra un point d’honneur à honorer la dotation de Baybars.

Son compatriote, l’explorateur Wilfred Thesiger, fera la même découverte en Iraq, en observant le va-et-vient des chats au sein des différentes communautés villageoises, de même que le poète américain Bayard Taylor en Syrie, abasourdi par la découverte d’un hôpital vétérinaire sous forme de waqf où les chats sont hébergés, nourris et soignés. Car en Europe, le félin a alors mauvaise presse : vu durant tout le Moyen-Âge comme un suppôt de Satan ou accusé de propager la peste (alors que sa présence tend au contraire à atténuer les épidémies), il a longtemps été victime de bûchers collectifs, entre autres mauvais traitements.

Rien de tout cela en terre d’islâm où les chats, admirés pour leur hygiène irréprochable, sont également particulièrement appréciés des lettrés et savants, protégeant leurs précieux ouvrages des attaques des rongeurs; nombreux sont ainsi les poètes & autres mystiques à écrire de véritables odes à leur animal de compagnie favori. Le chat prend toute sa place dans la civilisation islamique, tant pour son élégance que pour son intérêt pratique : du foyer le plus démuni aux cours des mosquées et bibliothèques des grands de la Ummah, il est tout simplement partout. C’est également à Bagdad qu’al-Jahiz fondera les bases de la zoologie avec le Kitâb al-Hayawân, en décrivant extensivement les propriétés du chat, et au Caire qu’al-Damiri mentionnera son origine légendaire, sur l’arche de Noé (‘aleyhi salâm), où il serait né de la toux d’un lion pour débarrasser le navire des rongeurs.

Cet amour envers les félins, qui tranche avec la barbarie de l’Europe médiévale et contemporaine à leur égard (les bûchers de chats resteront un divertissement apprécié du grand public en France jusqu’en 1765), prend directement sa source dans les enseignements prophétiques enjoignant de leur accorder le meilleur des traitements, en allant jusqu’à les considérer comme des membres de la famille, et menaçant de l’Enfer quiconque leur nuirait volontairement. Il est ainsi rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ‬ portait une grande affection à sa chatte Muazza, qui se tenait souvent sur son épaule lors de ses sermons… Bien avant les indignations sélectives de Brigitte Bardot et ses compères, l’islâm fut ainsi la première civilisation à aller si loin dans le domaine des droits des animaux.

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