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Quand l’Adhan retentit au sein de l’Alhambra

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À la suite de la diffusion d’une vidéo devenue virale où on le voit proclamer l’Adhan au sein de l’Alhambra de Grenade, le jeune Syrien Muadh an-Nas a déclaré qu’il avait ressenti qu'”entendre l’appel à Allah avait manqué aux murs”. Une affirmation que l’on ne pourra qu’approuver, tant le somptueux complexe est le témoin le plus emblématique de la longue présence musulmane en terre andalouse.

Œuvre familiale de la dynastie des Nasrides, le site de l’Alhambra fut fondé par Muhammad ibn Nazar, descendant de l’ansâr Sa’d ibn ‘Ubada, lors de son entrée à Grenade en 1238, avant d’être fortifié par son fils, Muhammad II, qui fit construire l’Alcazaba, une place forte d’où la garnison nasride pouvait observer les pics enneigés de la Sierra Nevada et les mouvements de troupes chrétiennes. Ce sont leurs descendants qui vont faire entrer l’Alhambra dans la légende en construisant les fameux palais et jardins au 14ème siècle, véritables joyaux de l’architecture islamique à tous les niveaux : calligraphie, décoration florale, arabesques, sculptures, fontaines, entre autres. Le Jannat al-‘Arîf, leur palais d’été, se veut ainsi – comme son nom l’indique – une allégorie terrestre du Paradis par la quasi-perfection de ses bassins, patios et allées.

Malheureusement, ces prouesses artistiques ne peuvent masquer la profonde décadence de la dernière dynastie d’al-Andalus, toute absorbée par les plaisirs de ce bas-monde, et vassale des croisés de Castille qui vont bientôt vouloir en finir avec elle, en 1492. Au terme de la Reconquista, alors qu’Isabelle de Castille et Fernand d’Aragon cherchent à effacer toute trace d’islâm de leurs domaines, l’Alhambra, trop majestueuse, trop symbolique, simplement trop belle, échappe à la destruction : elle devient même une résidence royale, où les Rois “très catholiques” signeront notamment le décret d’expulsion des juifs de la péninsule, avant de tomber peu à peu à l’abandon, souvenir trop visible d’une ère que l’Occident moderne voulait oublier. Jusqu’à ce que sa prise par les troupes de Napoléon ne la rappelle aux bons souvenirs des poètes européens, et notamment de Victor Hugo, qui écrira à son sujet :

L’Alhambra ! l’Alhambra ! Palais que les génies
Ont doré comme un rêve et rempli d’harmonies.
Forteresse aux créneaux festonnés et croulants
Où l’on entend la nuit de magiques syllabes,
Quand la lune, à travers les mille arceaux arabes,
Sème les murs de trèfles blancs.

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