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Prêche du vendredi : quand y assister devient une épreuve…

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Chaque vendredi, mécontentements et remontrances se font d’avantage ressentir chez les musulmans sortis de la prière de Joumou’a.

Un prêche souvent très long, une prière souvent très courte, et des sujets que les imams semblent se passer d’un vendredi à l’autre tant ils semblent si similaires. Des rappels s’articulant autour d’un ou deux Hadiths sur le comportement, l’importance du Coran, ou bientôt sur l’obligation du jeûne du mois de Ramadan. Quelques Hadiths et versets répétés inlassablement quand des milliers d’autres n’attendent que d’être sortis de leurs livres et conter face aux foules.

Que fait-on de ces dizaines de livres, prenant la poussière sur les étagères de ces mêmes mosquées ? C’est toute une littérature islamique riche de 14 siècles de réflexions qui n’attend que d’être revivifiée, et que l’on délaisse pour quelques convenances répétées chaque année.

Des sujets redondants, importants, certes, mais qui plus est sans résonances avec l’actualité qui est la nôtre, sans références à des situations que l’on traverse, auront au mieux l’effet d’un simple rappel que l’on gardera en tête jusqu’au café pris dans l’heure qui suit.

Que vaut un discours sur les fausses idoles que désavouèrent les prophètes sans faire écho aux idoles modernes que sont celles qui nous entourent aujourd’hui ?

Quel impact aura un discours sur la beauté du mariage sans traiter des problèmes de racisme, dotes et de ces parents récalcitrants aux unions n’allant pas dans leur sens ?

Que retiendra le fidèle d’un discours sur l’importance de la prière, lui qui ne sait pas comment s’y prendre avec son patron islamophobe pour ne pouvoir la faire qu’en son temps ?

Tenir un auditoire éveillé est dur, et cela nécessite un discours à la hauteur quand il n’est pas question de techniques propres à la communication. N’importe quel communicant le sait.

Un prêche d’une heure, lu à la lettre tel un exposé “au tableau”, sur un ton monocorde, et c’est une salle en sommeil assuré. Et des informations qui seront vite oubliées.

Qui n’a pas déjà vu son voisin pointer du nez et l’autre se tenir le dos à force de rester assis tout ce temps sans bouger ? Seriez-vous aptes à répéter les grandes lignes de chaque prêche écouté si on vous le demandait ? Et ne parlons même pas de nos enfants n’attendant que la fin et la permission de ne plus y revenir la prochaine fois…

Quand aller au prêche du vendredi devient une plaie, et plus qu’une pénible obligation dont on s’acquitte…

Un prêche long, trop long pour des gens le plus souvent en pause déjeuner avant de retourner au travail, obligés de jouer les Samy Naceri sur la route pour compenser les retards, ou pour des retraités au dos usé par des années de labeur.

Si encore l’on pouvait se rattraper sur la prière. Mais non. Après des invocations à moitié avalées, tant elles sont dites avec empressement, il faut faire avec une prière expédiée en deux minutes.

Qu’avons-nous fait pour en arriver là ?

Évidement, tous les imams ne sont pas concernés, et dans le cas de ces derniers, la moindre des choses serait bien entendu de leur trouver en premier lieu toutes les excuses possibles. Ces imams, que l’on sait exercer une fonction difficile, subir parfois certaines pressions externes, et devant faire avec une communauté plus que difficile, ne peuvent dans bien des cas susciter que notre respect.

Mais si il est de leur devoir de nous rappeler à l’ordre quand faille il y a, le devoir se doit d’être aussi réciproque, tant que celui-ci reste dans les règles de la bonne convenance.

De la vie, des sujets pertinents, de la concision, des rappels utiles en nos quotidiens, et de l’émotion, voilà ce qui manque trop souvent ! Que l’on puisse y sortir bousculés, bouleversés et désireux d’y revenir au plus vite.

Les fidèles ont besoin de rappels leur permettant d’affronter et trouver solutions à leurs problèmes quotidiens, de musulmans, en 2016, en France ou ailleurs. Ils ont besoin de rappels réveillant en eux une foi trop souvent troublée par des aléas propres à cette modernité dans laquelle nous évoluons. Ils ont besoin de “guides”, aptes à tenir un discours devant un auditoire hétéroclite, à répondre à des problématiques réelles et à pousser les plus récalcitrants à d’avantage prendre place à la mosquée.

Les idoles changent, comme les contextes et les problématiques. Et c’est aux guides, aux imams d’en adapter leurs prêches.

Quand nous observons ce qui se fait de l’autre côté de l’Atlantique, dans des moquées nord-américaines, ou dans certains pays arabophones, il y a parfois de quoi être vraiment jaloux. Ça vit, ça touche au cœur et fait réfléchir !

A bon entendeur, et nous l’espérons, sans rancune.

Article publié par Renaud KLINGLER dans Sarrazins

"Sarrazins" est un webzine indépendant, crée en 2016, qui a pour vocation d’apporter un regard musulman sur l’actualité

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