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Histoire

Chute de Bagdad, 1258

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Comme l’histoire se répète, les atrocités que l’on observe sur nos écrans tv et que d’autres vivent, ne sont pas nouvelles. Le Sham, théâtre des tyrans d’aujourd’hui, connu ses sombres heures à plusieurs reprises, et su toujours s’en relever. De quoi raviver l’espoir que l’immédiateté et le surplus d’informations dramatiques n’aident pas à alimenter…

La chute de Bagdad, 1258

Les Mongols, élevés au rang de puissants de ce monde, dès le début du siècle, grâce à Gengis Khan, détruisaient en ce 13ème siècle, tout à tour, toutes les capitales de l’Orient musulman. Les armées musulmanes s’effondraient les unes après les autres, et chaque cité conquise devenait le théâtre de massacres impressionnants. En véritables conquérant, à partir de 1241, les Abbassides envoient même un tribut à l’Empire Mongol…

En 1253, Hulagu, petit-fils de Gengis Khan, perpétue ainsi la tradition familiale en prenant la tête d’une armée avoisinant les 120 000 soldats, avançant vers l’Ouest. Sa cible : Bagdad. Capitale du califat musulman qui recouvrait l’Irak, la Syrie, l ‘Égypte une partie de l’Iran, en cette époque dirigée par le calife abbasside Al-Musta’sim, occupée par, entre 1 et 2 millions d’habitants.

L’armée Mongole, très hétéroclite, avait en son sein de très nombreux chrétiens. Géorgiens mais aussi arméniens, il y aurait même eu selon Alain Demurger, des troupes croisées chrétienne franques en provenance d’Antioche au milieu des combattants. En Europe, on se félicitait grandement des victoires mongoles contre les Musulmans. Alliés des chrétiens quand ils ne l’étaient pas parfois eux-mêmes, les Mongols avaient en effet tout le soutien du Pape et des rois d’Europe. Le roi Franc Saint Louis invita même en ce sens plusieurs chefs mongols en royaume Franc afin de travailler à des opérations contre le califat.

Arrivés à Bagdad en novembre 1257, Hulagu propose d’abord la reddition de la ville, ce que le calife refusa. Peu préparé, il suivit alors les recommandations de son vizir Mouayyid Addin al Alqami, le décourageant de se rendre. L’historiographie arabo-musulmane tend à peindre le vizir tantôt comme un incompétent, tantôt, et surtout, comme un traître. Il aurait comploté et rencontré les Mongols en vue de précipiter la chute du calife. Doit-on préciser qu’al Aqami était chiite..?

La réputation des Mongols n’était pourtant plus à faire. Ayant eu vent des massacres commis sur leur chemin, on savait aussi d’eux qu’ils eurent eu raison de la fameuse secte des Assassins (Hashshashin) reclus dans leur forteresse d’Alamut, réputée imprenable, en 1256, soit un an avant leur arrivée aux portes du calife. Mais rien n’y fait et la bataille commença le 29 janvier.

Dès le 5 février, une brèche dans les murs de défense de la ville, permet aux Mongols de pénétrer l’enceinte. 5 jours plus tard, Bagdad capitule. L’armée mongole entame alors plusieurs jours de massacre, de destruction et de pillage. Les musulmans avaient pourtant réussis à plusieurs reprises de repousser les armées mongoles divisées en deux fronts, mais trop nombreux et mieux préparés, ils brisèrent rapidement les offensives musulmanes, parfois même en noyant les moudjahidin dans les canaux rejoignant la capitale.

La ville défaite, le calife fut capturé et forcé d’assister aux tueries, viols et tortures subies par ses sujets. Sa famille entière, à l’exception d’un fils, envoyé en Mongolie, est exécutée. Pour clôturer le tout, le calife est enroulé dans un tapis avant d’être battu et piétiné par les chevaux de la cavalerie mongole. Une croyance ancestrale des assaillants stipulait que la terre maudissait quiconque faisait couler sur elle du sang royal…

La grande – et célèbre dans le monde entier connu – bibliothèque de Bagdad, riche de milliers d’ouvrages est entièrement détruite. Les mosquées, les palais, les autres bibliothèques ainsi que la plupart des édifices y passent. La population tentant de s’échapper est rattrapée et massacrée. Certains parlent de 90 000 civils éxécutés, quand d’autres estiment les pertes à des centaines de milliers les victimes civiles. Hamd Allah Mustawfi (1281-1349) avance ainsi le chiffre de 800.000 hommes et de femmes exécutés. Des récits disent qu’Hulagu déplaça le camp du côté où soufflait le vent car l’odeur des cadavres de la ville devenait insupportable.

Autre chiffre impressionnant, autour de 24 000 savants auraient péris sous le fil de l’épée.. 40 jours d’exactions auront rendu le Tigre rouge de sang. Les Chrétiens de la ville, nombreux, seront eux sains et saufs.

1258 marque ainsi la fin du règne des abbasside, en place depuis plus de 500 ans, car présents depuis l’an 751, mais aussi la fin du califat entrainant ainsi une rupture géopolitique majeure dans le monde d’alors.

Seul survivant abasside de Bagdad, Abû al-Qâsim Ahmad, frère du défunt calife, atteindra peu après Le Caire, avant de se voir nommé calife par le sultan égyptien d’alors. Mais le califat est définitivement enterré, il n’aura q’un rôle secondaire dans la gestion du nouvel empire musulman naissant. Le sultan mamelouk Qutuz assumera alors la guerre contre les Mongols, tuant les ambassadeurs que lui envoya Hulagu, en vue de le faire se rendre, avant de mettre un terme aux avancées de l’armée Mongole, lors de la bataille d’Ayn Jâlût. La Syrie revint aux Mamelouks et les Mongols se retirèrent au-delà de l’Euphrate. Cette victoire marqua l’arrêt de la percée des Mongols et la fin de leur réputation d’invincibilité.

Mais comme le plan divin recèle de ces surprises que l’on ne serait attendre, en 1295, le petit-fils de Hulagu, l’empereur mongol d’alors, se convertira à l’islam, le reste de ses sujets le suivant peu à peu…

Publié par Renaud KLINGLER (Sarrazins)

"Sarrazins" est un webzine indépendant, crée en 2016, qui a pour vocation d’apporter un regard musulman sur l’actualité

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