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Perpignan, un héritage islamique insoupçonné

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Perpignan fut aux XIII-XIVe siècle la capitale du premier royaume formé dans le cadre de la reconquête chrétienne d’Al Andalus, le Royaume de Majorque.

Visitées lors d’une excursion Omeyyade quatre ans avant la conquête de Tariq Ibn Ziyad, les Baléares ne deviennent possession musulmane qu’en 902, date à laquelle un certain Issam Al Khawlani, notable cordouan, propose à la cour sa conquête.

De 903 à 1229, les Baléares furent donc sous domination musulmane et les musulmans l’appelèrent Al-Djazaïr Ash-sharqiya lil Andalus, litt. “Les Îles Orientales d’Al-Andalus”.

Malgré une première tentative de reconquête échouée en 1114, un débarquement chrétien, composé de 143 navires de transport et sécurisés par une dizaine de navires de guerre, soit une armée de 20 000 hommes dont 1.500 chevaliers et 15 000 hommes de troupe, eut lieu le 12 septembre 1229. La reconquête est courte (moins de 4 mois), mais sanglante et les exactions sur les populations locales nombreuses, poussant les musulmans à résister jusqu’en 1232. Il faut attendre 1287 pour que l’archipel soit reconquis dans son intégralité. Constatant la beauté de l’art islamique sur place puis la qualité avec laquelle les musulmans avaient su aménager l’agriculture notamment le circuit d’irrigation, et ayant compris l’importance stratégique de l’archipel, le Roi Jacques Ier d’Aragon décida de protéger les musulmans artisans et paysans sur les territoires qu’il administrait, et interdit toute expropriation ou déplacement de population. Ainsi les population musulmanes purent pratiquer leur religion de manière partielle et continuer à faire vivre leur culture également.

Dans un même temps, le Royaume de Majorque s’élargit en annexant le Comté de Montpellier et du Roussillon, jusqu’à prendre Perpignan comme capitale, permettant de facto aux musulmans sous domination catalane des Rois de Majorque d’exister sous ces territoires. Comme trace de la présence musulmane dans ces contrées, la sépulture islamique d’un certain Ibn Ayyoub, étudiant musulman à la faculté de Montpellier retrouvée à Ariane non loin de Béziers mais surtout le palais des Rois de Majorque à Perpignan qui reprend plusieurs caractéristiques de l’art islamique.

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A l’extérieur, les créneaux triangulaires que l’on retrouve régulièrement dans l’art maure interpelle. La cour intérieure du palais aménagée autour de colonnades dont certaines rappellent celles d’Orient laisse apparaître en son centre un point d’eau, comme tant de mosquées notamment celle des Omeyyades à Damas.

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En son intérieur, entre une arcature ornée d’écriture koufique où l’œil pas nécessairement initié peut lire le nom d’Allah et des vitraux sans images aux motifs géométriques symétriques, la pièce maîtresse est sans conteste la porte de l’église sainte-Croix, où l’entrelacs polygonal est exactement le même que celui que l’on retrouve sur le minbar de Ali Ibn Youssouf Tachfine. Tout cela au milieu d’arcatures polychromes et de fenêtres géminées empruntées à l’art islamique.

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Je suis sûr qu’en s’attardant davantage sur le monument, on trouverait davantage d’héritage architectural islamique.

Photo 1 : Vue générale du Palais des Rois de Majorque

Photo 2 : Créneau triangulaire extérieur emprunté à l’art maure

Photo 3 : Inscription de style koufique à l’intérieur du palais

Photo 4 : Vitrail aux motifs géométriques symétriques

Photo 5 : Entrelacs sur le Minbar de Ali Ibn Tachfine

Photo 6 : Entrelacs sur la porte de l’Église Sainte Croix

+ Bonus Photo 7 : Forteresse d’Alaró, dernier bastion de la résistance musulmane à Majorque, tombé en 1231.

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