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La mosquée dans la Favela

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Qui l’eût cru ? Dans le plus catholiques des pays d’Amérique, à quelques centaines de mètres du mythique circuit automobile d’Interlagos et au milieu des favelas réputées si dangereuses et impénétrables, se dresse… le centre islamique de Santo Amaro, à Sao Paulo, capitale économique du Brésil. Cette magnifique mosquée située dans les quartiers Sud de la ville, outre son rôle religieux central, joue un rôle social reconnu et avéré. Ce dimanche et comme chaque année, à l’occasion de la Journée des Enfants, l’organisme de bienfaisance de la mosquée, la Sobem (Sociedade Beneficente Muçulmana de Santo Amaro) distribue des dizaines de milliers de jouets aux plus démunis, de quoi leur redonner le sourire… et montrer l’exemple à nous autres musulmans de France et d’ailleurs.

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UNE INITIATIVE ATTENDUE ET SALUÉE

Comme dans une très grande proportion des pays du Tiers-Monde, le salut des populations les plus précaires est assuré par des actions caritatives qui se substituent à l’action d’un État absent ou instable, souvent corrompu. Même si le Brésil est passé du stade de «Pays en Développement» (PED) à celui de pays dit «Emergent», il reste beaucoup à faire en termes de lutte contre les inégalités sociales et l’image que nous en avons qui a marqué nos manuels de géographie de la favela qui côtoie le quartier sécurisé perdure encore. Les musulmans, au nombre d’une dizaine de milliers à Sao Paulo, contribuent à leurs manière à l’amélioration du quotidien et, chaque année, l’organisme de bienfaisance SOBEM distribue des jouets à l’occasion de la journée des enfants, occasion qui est déjà très attendue par tout le voisinage. Jussara, mère de Jenifer, Cauã et Jefferson, témoigne : “Je ne peux pas me permettre d’acheter des jouets pour tout le monde. S’il n’y avait pas cette distribution, ils n’auraient pas de cadeaux aujourd’hui. Je viens ici chaque année, chaque année un peu plus tôt, car le nombre de personnes qui viennent ici augmente d’année en année”.

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La mosquée de Santo Amaro, une des plus grandes parmi la vingtaine que compte l’agglomération Pauliste, voit ainsi remplir son parc par des centaines de personnes.

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Nous croyons que le rôle de l’organisation est de contribuer au bien-être
social, que ce soit par des dons, les actions communautaires ou toute
autre activité qui prend à quiconque en a besoin le respect et la
dignité dont nous avons tous besoin pour vivre. (UNIÃO NACIONAL ISLAMICA)

UNE COMMUNAUTÉ BIEN PERÇUE

Au Brésil et contrairement à certains pays, il fait bon être musulman. Du côté institutionnel, à la différence de nos politiciens qui surfent sur la vague identitaire racolant sur les terres d’un Front qui de National que le nom, jamais au grand jamais la classe politique brésilienne n’a considéré l’immigré arabe comme négatif, bien au contraire. Car la communauté musulmane au Brésil, c’est avant tout une réussite économique et sociale que tous les gouvernements de gauche comme de droite n’ont jamais remis en question. Bien que le pays soit le plus catholique au monde, les musulmans rencontrent rarement des difficultés dans leurs démarches, les libertés religieuses étant respectées. Du côté des autochtones, les musulmans sont très proches des populations, comme le montrent l’initiative de la distribution de jouets qui n’en est qu’une parmi tant d’autres. Les entrepreneurs musulmans s’installent souvent dans les quartiers difficiles où ils donnent de l’emploi bien rémunéré dans un pays où il n’y a pas de salaire minimum.

LE BRESIL, UNE LEÇON

Comme en France, la présence de l’Islam au pays de Ronaldo est due en grande partie à l’immigration. Au début du siècle dernier, le Moyen-Orient était à feu et à sang suite à la dislocation de l’Empire Ottoman et de la mise en place des nationalismes locaux. Ces conflits qui gangrénèrent cette région jusqu’à aujourd’hui eurent comme conséquence le déplacement de plusieurs centaines de milliers de personnes loin de leur foyers. Si les européens voulant tenter leur chance au début du siècle dernier avaient une préférence pour les États-Unis, les populations moyen-orientales préférèrent quant à elles l’Amérique Latine, le Brésil en particulier. La plupart de ces immigrés étaient des libanais, chrétiens d’abord et musulmans ensuite.

Aujourd’hui, plus de soixante-dix ans plus tard, on estime qu’il y a plus de libanais au Brésil qu’au Liban : 9 millions si on compte leurs enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants, dont 5 millions dans la région de Sao Paulo sur une population de 40 millions. La grande majorité de cette immigration s’est assimilée et nombre des premières générations de musulmans ont malheureusement quitté l’Islam. Il n’est pas rare de croiser des Ricardo Ahmad Rivaldo… plus musulmans. L’heure n’est pas à la recherche des responsabilités mais ceci montre que lorsque les musulmans ne s’organisent pas pour pratiquer leur religion, ils risquent de la quitter et à défaut leurs enfants. Il y a dans l’exemple du Brésil une leçon pour les musulmans qui vivent dans les pays qui ne sont pas de culture musulmane qui montre la nécessité de s’organiser.

En tout état de cause, la mosquée de Santo Amaro se veut à l’image des défis de l’Islam d’aujourd’hui : ramener sur le droit chemin les âmes égarées, être ouvert à toutes et à tous, avoir un rôle de proximité avec la pauvreté pour mieux la contrer.

Bonne continuation à ces frères et sœurs.

Daoud B. de la Rédaction

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